1. L'homme qui aimait les chattes, le thé et sa mère


    Datte: 13/10/2019, Catégories: fh, vacances, voyage, portrait, humour, articles,

    Dans le précédent épisode je mettais en lumière et parfois en valeur la musique, le champagne, les grands espaces habitables, et mon conjoint. Je clos la série par un hommage appuyé et poétique à une personne qui dit m’avoir aimée à la folie, mais de toute façon sa folie était dans tout. Et puis, dixit Patrick Besson, on ne devrait pas dire histoire d’amour, mais simplement histoire, parce qu’arrive toujours un moment où il n’y a plus d’amour. Et c’est parfois le meilleur. Les chattes, parce qu’il y avait toujours un petit peu de sa maman dedans, le thé, parce qu’il aimait ça et le côté british que cela lui donnait, et quant à sa mère, eh bien il n’y avait qu’à observer le garde-à-vous saint-cyrien dès lors que le numéro de celle-ci s’affichait sur son téléphone. Elle vient de faire le ménage dans sa salle de bain et a trouvé une trousse rouge électrique contenant deux flacons en plastique, avec quelques gouttes de M7 d’YSL dans l’un et de Serge Noire de Lutens dans l’autre. Elle les balance dans la poubelle. C’étaient les parfums de son ex, du temps où sa peau se les appropriait pour en embaumer chaque parcelle de son corps. Aujourd’hui ce sont des odeurs âcres et vaguement moisies. La faute au temps, et à son odorat. Il y a quelques années de cela, elle l’attend à l’aéroport, ne l’ayant jamais rencontré auparavant. Quelques échanges épistolaires sur la difficulté d’être ou ne pas être en été, la marque de son dentifrice à lui et la longueur de ses chaussettes. Elle aime les ...
    ... mi-bas pour hommes, et les mollets dépassant d’un ourlet fatigué lui font de la peine. Il en faut peu de nos jours pour se donner l’illusion d’être de grands explorateurs. Alors dès que les mi-bas masquent les mollets quelle que soit la position périlleuse de ces derniers, elle en conçoit une gratitude éplorée. Elle a appris qu’il a un nom et prénom formés de nombreuses consonnes, et très peu de voyelles, ces dernières arborant des trémas nordiques. Ce qui lui a fait dire dans un échange : — Oh mais tu dois parler l’inuit à la perfection.— Non, pas du tout, ma mère est française.— Alors ton père s’en charge pour vous ?— Non plus. Il est là depuis trop longtemps. (En France, avec ta mère, sur terre…) Ce pourrait être comme pour les Bernadotte, encore qu’ils n’insistent pas pour s’appeler Jean-Marie, Edgard et Vincent là où ils sont. Elle connaît des gens comme ça, Russes blancs d’origine qui, cent ans après, s’obstinent à prénommer leurs enfants Ivan, Anton, Vladimir, alors que ces derniers sont incapables de dire « da » et de citer deux villes impériales. Elle est plongée dans ses réflexions lorsqu’il surgit sur sa gauche, avec un grand sourire, de soulagement ne nous y trompons pas, de ne pas avoir fait le déplacement pour une boulotte lunettée, écartant ses dents carnassières. Elle est pressée de quitter cet aéroport, n’ayant plus le besoin de lui jurer ses grands dieux que non, pas du tout, elle n’est pas celle qu’il croit et qu’il y a erreur sur la personne. Car il n’est ...
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