1. Rencontre au sommet (1)


    Datte: 10/11/2019, Catégories: Divers,

    Chrystèle et moi sommes des amis de trente ans, et même un peu plus. Des vrais. Nous nous sommes rencontrés au lycée. Même s’il y a eu quelques tentatives de flirts, nous ne sommes jamais vraiment sortis ensemble. Pourtant nos parents ne semblaient pas envisager la chose d’un mauvais œil. Pour ce qui est des miens, en tout cas, c’est sûr. Ayant toujours été très bien reçu par ses parents, on peut – sans trop risquer de dire une connerie – penser qu’il en était de même pour les siens. Nous ne sommes jamais sortis ensemble certainement parce que nous étions très proches et pas décidés à risquer de nous perdre si l’aventure avait tourné mal. Pour moi, Chrystèle était, et est toujours, ma sœur jumelle et mon meilleur pote. J’utilise le masculin pour qu’il n’y ait aucune ambigüité. Il se passe souvent plusieurs mois – il est même arrivé que cela dépasse une année – mais lorsque nous nous retrouvons et nous embrassons, nos lèvres se rencontrent, juste parce que nous sommes intensément heureux d’être à nouveau ensemble. Elle se maria ; je fus le témoin, ou pas – je ne me rappelle plus – mais j’aurais pu l’être. Nous habitions Saint-Etienne (enfin, moi, juste à côté) et peu après elle partit à Grenoble. Les rencontres s’espacèrent, d’autant plus que trois ans plus tard je partis vivre en banlieue parisienne – Villejuif, pour être précis – mais le contact ne s’interrompit pas pour autant. De mon côté, j’avais démarré une décennie qui s’avèrerait marquante pour moi. J’allais en ...
    ... Irlande au moins une fois par an, le plus souvent pour les fêtes de fin d’année. J’y ai engrangé une quantité phénoménale de souvenirs plus incroyables les uns que les autres. J’allais toujours dans le même patelin où, par la force des choses, je m’étais fait des amis. Il s’y passait toujours quelque chose. La preuve : je lui avais envoyé de mon paradis irlandais une lettre d’une douzaine de pages. Il faut dire que cette année-là, j’en avais vécu des choses dans le pub que je fréquentais en soirée. Et vu la latitude, les soirs commencent plus tôt que chez nous… Ce furent certainement les années où nous nous sommes le moins vus, d’autant plus qu’elle tomba enceinte. Oui, tomber. Je n’imaginais pas qu’on puisse faire autrement quetomber enceinte. Malgré une lettre où je lui répondis que j’étais très déçu de son comportement, le lien resta intact. C’est juste avant Noël que j’avais reçu la lettre où elle m’annonçait être enceinte. Je m’en souviens car j’avais déclaré quelques années plus tôt une étrange maladie – une allergie à Noël – et cette année-là, exceptionnellement, je ne me dirigeai pas vers l’Irlande pour échapper aux festivités tant détestées. Pour marquer le coup (je n’allais tout de même pas me laisser abattre par l’adversité) j’avais décidé, le 24 au soir, d’aller manger chez Mc Do, moi qui n’y foutais jamais les pieds et encore moins l’estomac. Hélas pour mon stratagème, M. Mc Do ferma plus tôt ce soir-là. Je me rabattis sur une part de pizza achetée sur un bout de ...
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