1. Une fille à croquer


    Datte: 28/03/2020, Catégories: fh, copains, préservati, pénétratio,

    Voilà une heure que le concert a commencé et, bien sûr, toujours pas de Tim à l’horizon. Comme toujours il va rater le meilleur, tant pis pour lui. Les musiciens sont excellents et se donnent à fond pour mettre l’ambiance : deux guitaristes, une contrebassiste et un flûtiste, tous coiffés de chapeaux style panama. Le public est un chouïa trop bruyant à mon goût, mais il paraît que c’est tout à fait normal dans le style jazz manouche. Comme l’a dit le grand gars brun au bar, un certain Paul-Louis, « On n’est pas à l’opéra ! ». J’ai sorti mon carnet format A5 80 grammes et mon feutre 0,50 mm. Je commence à esquisser timidement verres, tables, chaussures, en plusieurs exemplaires sous tous les angles. Je dois améliorer ma technique. C’est d’un ennui mortel. Puis je me lance enfin sur des sujets plus intéressants : les êtres vivants. Et voilà croqués sur le vif, membres du public, musiciens et leurs instruments, serveurs… Personne ne fait attention à moi et c’est tant mieux, j’aime être discrète. Un groupe de filles n’arrête pas de faire des allers-retours entre l’avant-scène, la porte et le bar, comme si elles ne pouvaient pas choisir entre danser, fumer et boire. L’une d’elles retient mon attention. Elle rit à gorge déployée, sans limite ; un rire communicatif. Elle n’est pas particulièrement belle : à peine plus grande que moi, la quarantaine, un physique un peu androgyne avec une tenue rock légèrement débraillée, peu de maquillage… Un je-ne-sais-quoi se dégage d’elle. Ses ...
    ... yeux bleus ? Son immense sourire ? Ou ses cheveux auburn qui ondoient au-dessus de ses épaules ? D’ailleurs elle vient de relever ses cheveux pour les attacher, dévoilant une nuque ravissante. Si je continue à la regarder, elle va finir par se sentir observée. Enfin, c’est peut-être ce qu’elle cherche : se faire remarquer en faisant la pintade… Je repose mon carnet sur le bar et m’accorde une pause en sirotant ma boisson chaude. Pas de nouvelles de Tim. Il doit être dans le métro. S’il ne trouve pas sa route il téléphonera. Je cesse de regarder compulsivement mon téléphone qui me renvoie à ma solitude du soir. Pfff, dire qu’avant je la supportais plutôt bien la solitude, au point de même la rechercher… J’ai maintenant bien du mal à passer une soirée en tête-à-tête avec mon chat – avec tout l’amour que j’ai pour cette boule de poils ronronnante. La porte s’ouvre. Instinctivement, je tourne la tête. C’est la fille. Elle a terminé de cloper et rentre se mettre au chaud. Elle va jusqu’au bar, prend deux bières et repart en direction de ses copines qui sont… derrière moi. Punaise, je suis sur sa trajectoire ! Je baisse le nez, feignant un soudain intérêt pour le contenu de ma tasse vide. — Alors, on dessine ? me souffla-t-elle au passage.— Euh… oui, dis-je en regardant vaguement dans sa direction et surtout pas dans ses yeux. Je dois être rouge cramoisi et je sens que les poils de mes bras se hérissent. Elle ne demande pas son reste et fonce s’asseoir à une table près de la scène. ...
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