Les filles d'Artémis (3)
Datte: 13/05/2020,
Catégories:
Lesbienne
Lysippé avait choisi d’emprunter la difficile voie du nord. Une chaîne montagneuse en bordure de la contrée qui deviendrait la Bulgarie s’étendait du mont Ostra à l’ouest au rivage de la mer Noire appelée mer Scythique à l’est. L’austère bande de terre offrait peu d’abris hormis quelques villages dans lesquels les habitants repliés sur eux-mêmes étaient contraints à une difficile vie de labeur. La colonne progressait dans la fraîcheur relative du matin, l’après-midi était consacré à un entraînement guerrier intensif et aux exercices physiques. Puis, après une seconde marche plus courte en fin d’après-midi, les Amazones dressaient le campement pour la nuit. Les instants de détente autour du feu servaient alors à resserrer les liens. Bergères délestées de leur troupeau ou paysannes endeuillées, des nécessiteuses se joignirent à la petite troupe au hasard de la progression. Condamnées à une fin solitaire, elles saisirent l’opportunité de forcer le destin. Vingt-et-une avaient traversé le Strymon, elles se comptèrent vingt-huit à l’aube du dixième jour, les chevaux au nombre de seize, et six mules tiraient de leur pas sûr deux chariots brinquebalants. – Hélène ! s’époumona Lysippé d’une voix puissante après avoir ordonné une pause. Rejoins-nous en tête de la colonne. Thémis sourit, les intentions de son aînée envers Amapola se précisaient. Pourtant, la princesse n’en continuait pas moins d’exiger de la discipline à l’entraînement physique. Les corps jeunes et sains acquéraient la ...
... puissance dans le geste, la résistance à l’effort, les esprits en sortaient sans conteste raffermis. Chaque jour sa cadette s’affirmait comme une véritable meneuse. Son aura grandit au point que les proches d’Hélène, Amapola exceptée, se tournèrent vers elle dans l’attente de ses conseils. Chacune s’appliqua à progresser avec le désir de la contenter, plusieurs manièrent bientôt l’arc avec justesse. Danaé se montrait à la hauteur des espoirs de sa mère. Les Amazones devenaient des cavalières dans l’âme et, sur les conseils de la princesse, n’hésitaient pas à tisser des liens de confiance avec leurs montures, ce qui permettait d’en tirer le meilleur. De son côté, assignée à la tâche la plus ingrate, Lysippé usait de patience afin de leur apprendre le maniement du glaive. Ses leçons dispensées avec sagesse n’en rebutaient aucune. – Me voici, prévint Hélène accompagnée de l’inséparable Amapola. Un souci ? – Tu ne sens rien ? s’étonna Lysippé. Thémis, profite de ton agilité pour aller voir. La princesse dévala aussitôt la ravine d’où montait une sinistre odeur qui tourmentait un air chaud d’habitude saturé du parfum des fleurs et des conifères. Le visage de Thémis à son retour exprimait un dégoût à la hauteur de la pestilence environnante. Elle pressa le pas vers le premier chariot. – Quelle horreur ! grimaça-t-elle affectée. Les corps sont entassés sans aucun égard. Il y a des hommes, des vieillards, aussi des enfants, sans doute de pauvres paysans, mais pas une femme ni aucune ...