Clotaire et Pierre - Onzième épisode
Datte: 22/08/2018,
Catégories:
Entre-nous,
Les hommes,
Encore troublé par l’annonce de Clotaire qui venait de lui annoncer son prochain départ pour Rouen, Pierre s’était réfugié, depuis plusieurs jours déjà, dans le silence. Mais ce qui le surprenait un peu, c’est que son compagnon ne semblait pas s’en offusquer, comme si tout cela, au fond, lui était indifférent. Cette « pause », même si elle n’était pas franchement désirée par l’un ou par l’autre, avait au moins un mérite pour Pierre : il pouvait pleinement se consacrer à ses révisions pour les partiels, qui s’annonçaient ardus. Résolument décidé à faire de son mieux, Pierre y mettait du sien pour la révision de ses cours, aussi indigestes soient-ils pour certains d’entre eux. Droit administratif, introduction au droit constitutionnel, droit des affaires, sciences politiques… Parmi ces cours, le jeune homme trouvait parfois son bonheur mais, toutefois, n’était pas loin de se tirer les cheveux tant le contenu pouvait être d’une confusion totale. Découragé en cet après-midi plutôt ensoleillé – chose rare en ce début d’année – Pierre décidait d’ouvrir la fenêtre avant de s’allonger sur son canapé pour aller à la rencontre de Morphée le temps d’une sieste. Épuisé, il n’allait se réveiller que bien plus tard, en début de soirée, perturbé par un vent très frais qui l’incitait, en ouvrant les yeux, à découvrir la ville couverte par un ciel très obscur toutefois contrarié par la clarté émise par les lampadaires de rue et les lumières émanant des immeubles d’habitation ou de bureaux. ...
... Avant de dormir, quelques heures avant le début de cette série d’examens qui ne s’annonçait pas de tout repos, l’étudiant prenait soin de lire quelque pages du Traité de l’approche thématique du droit : de l’introduction au développement de la matière, un ouvrage du professeur René Montagny-Gibert dont le titre prévenait déjà les étudiants et autres lecteurs de l’aspect très technique du contenu. En réalité, si Pierre s’était lancé dans pareille lecture, c’est davantage parce que ses professeurs lui ont vivement recommandé de le faire que parce qu’il s’agissait de sa décision personnelle… Neuf pages lues : cet effort – le mot n’est pas excessif puisque leur contenu n’est pas ce qu’il y a de plus intelligible pour tout un chacun – accompli, il éteignit la lumière, s’endormant paisiblement pour quelques heures, presque heureux de pouvoir savourer la chaleur bienvenue de son épaisse couette qui couvrait son corps en partie dénudée et barré d’un boxer noir qu’il avait enfilé pour la nuit. Le lendemain matin, dans les couloirs de la fac, c’était branle-bas de combat : tous les étudiants paraissaient tendus, nerveux… Du moins ceux qui étaient présents : pas mal d’étudiants manquaient à l’appel. Parmi eux, quelques amis de Pierre qui, lassés d’obtenir mauvaises notes sur mauvaises notes, avaient déjà fichu le camp sans même prendre la peine d’attendre la fin du semestre. La tare de l’enseignement supérieur à la française : quelques passionnées, pas mal de motivés, beaucoup de lassés… ...