Le rose et le noir. Ludivine - Histoires de Sexe

Le rose et le noir. Ludivine

... sur ce point, elle éclate de rire. Drôle que les femmes soient suspicieuses vis-à-vis d’un homme pas libre, alors qu’elles-mêmes ne le sont pas ! Soudain, la glace semble brisée. Elle m’explique que son copain, certes gentil, n’est pas l’homme de sa vie, enfin qu’elle le sent comme ça… déjà une usure. Ce qui m’amène à lui parler de Laure, que nous formons un couple uni, mais que, enfin, comment dire, nous fonctionnons à trois… Elle sursaute, me regarde les yeux ronds. — À trois ? C’est quoi ça ? Vous partouzez ?— Non ! Pas du tout ! Pour tout dire, ma copine est… Elle est bi, quoi…— Ah ! Elle aime les filles, « aussi », c’est ça ? s’exclame-t-elle.— Exactement. De temps en temps… Ludivine est hilare, me détaille, visiblement très amusée. Secouant ses cheveux, tout en ouvrant son caban, elle reprend : — Ouf ! J’ai chaud ! Bon, d’accord, elle est bi… mais moi, qu’est-ce que je viens faire là-dedans ? Parce que moi… Non ! Pas mon genre ! Et vous me draguez ! J’hésite à poursuivre. Que lui dire ? Que je « travaille » pour Laure ? Le moment est délicat. Faire soft, surtout ne rien brusquer. Je murmure, détournant les yeux : — Enfin, dans notre couple, comment dire… nous partageons, vous voyez ? Un silence. Elle me regarde mi-amusée, mi-contrariée. Tout va se jouer maintenant, et je ne serais pas étonné si elle partait, ou même me baffait. Elle soupire, rit doucement et chuchote : — Ça alors ! Si je m’attendais ! Vous « partagez » ! Dans quelle galère je me suis mise ! C’est bien ...

... moi ça ! Un homme qui me plaît… et il partage ! Et avec sa copine… Ludivine prend plutôt bien les choses. Ouf ! Mais ce n’est pas gagné, car elle ajoute, alors que je remarque ses joues rosies : — Eh ! J’ai jamais fait, ça ! Avec une fille !— C’est excitant, non ? Aucune expérience de ce côté ? demandé-je tout sourire.— Non ! Non… bien qu’on dise que dans chaque fille il y a des pulsions, des trucs qui démangent ! Enfin c’est ce qu’on dit… s’exclame-t-elle à voix basse.— Bon, n’en parlons plus ! dis-je en riant. Je suis désolé si j’ai pu vous choquer… mais il fallait le dire, c’est plus clair comme ça.— En tout cas j’ai passé un bon moment ! Ça alors, à trois ! dit-elle en pouffant, la tête dans les mains, hilare.— En réalité, pas à trois, mais chacun son tour, à deux ! précisé-je en riant de nouveau, histoire de « dédramatiser » l’image. Vraiment à trois, c’est que pour les fêtes ! Le ton, pour un sujet aussi sensible, est à la rigolade. Le mieux que j’ai trouvé pour faire passer le message… et la proposition. Cette fois, elle rit franchement, me regarde autrement, maintenant curieuse et peut-être un peu excitée. Un silence se fait, chacun dans ses pensées. Je décide que pour aujourd’hui c’est suffisant. Laisser faire le temps maintenant. — Je peux vous ramener, si vous voulez ? Ma voiture est là, tout près…— Oh oui ! Volontiers. Le bus… Mais merci, j’ai bien ri ! Que pense-t-elle vraiment ? Une femme qui rit est conquise, dit-on. Mais ici… Les femmes étant imprévisibles je ...