1. Un éléphant chez les événementiels


    Datte: 04/09/2018, Catégories: nonéro, humour, merveilleu, sorcelleri, merveille,

    ... juste avant que tu ne te découvres le Don ? Il ne s’était jamais posé la question. Sur le coup, il ne vit rien, puis dans un second mouvement de pensée… — Il y a bien eu quelque chose… mais ça n’a certainement rien à voir.— Dis-moi tout de même.— La veille… Il hésita, regrettant de s’être trop avancé. Mais il était trop tard. Il connaissait assez Alice pour savoir qu’elle ne le lâcherait plus jusqu’à savoir ce qu’elle voulait. — J’avais acheté un coffret… Elle ouvrit de grands yeux : — Mais on n’a pas le droit. Tu sais bien que seuls les magiciens peuvent… Comment t’es-tu procuré un coffret ?— Il s’en vend des tas, en douce. Tu ne savais pas ?— Mais pour quoi faire ? Si on ne possède pas le Don…— C’est un objet qui fait rêver. Tu ne peux pas comprendre : tu as toujours été une Événementielle, toi. Elle garda le silence pendant plusieurs secondes, jouant avec cette idée bizarre. — Alors, toi aussi, tu as voulu un coffret. Pour rêver…— Oui.— Et que s’est-il passé ?— L’homme qui me l’a vendu prétendait que certaines commandes fonctionnent même si l’on ne possède pas de pouvoirs.— C’est ridicule ! s’indigna Alice. Tu sais bien que c’est totalement imbécile, ce qu’il t’a dit là.— Peut-être pas si imbécile que cela… puisque me voici à Houdin et coiffé du célèbre bonnet.— Mais que s’est-il passé, enfin ?…— J’avais lu pas mal de livres traitant de ce sujet. Je me suis amusé à inventer une commande, ce soir-là et à la murmurer dans le coffret. Pour voir…— Tu te souviens de la ...
    ... commande qui a fait réagir le coffret ? Il hocha la tête. — Mais alors, ça voudrait dire… Ils se regardèrent ébahis. * * * C’était une vision dépaysante et terriblement exaltante que d’imaginer le pays peuplé exclusivement d’Événementiels. Le Don à la portée de tous… Excités par leur merveilleuse découverte, Bertrand et Alice avaient commis une erreur : ils n’avaient pu se retenir d’en parler autour d’eux. Toute la nuit, incapables de trouver le sommeil, ils étaient restés sur la plage, à parler et à rêver. Les étudiants, curieux, parlaient un moment avec eux, partaient puis revenaient. Certains trépignaient d’enthousiasme devant cette perspective, d’autres refusaient d’y croire. Certains se braquaient : ils avaient l’impression de se trouver subitement dépossédés d’une richesse. Cette attitude, Bertrand pouvait la comprendre : ils avaient toujours appartenu à une minorité, forte d’un Don unique, prodigieux. Or, subitement, tout un chacun, le premier venu, pouvait devenir leur égal. Au matin, la barque à fond plat de Jean Charon glissa au-dessus des eaux jusqu’à l’île Holavre : Bertrand et Alice étaient convoqués chez le Recteur. Le concierge, qui aimait bien Bertrand, était désolé : — C’est à cause de ce que vous avez raconté. Vous pensez bien que ça a fait le tour de Houdin dans le temps d’un battement d’ailes. Il y a ceux qui disent que l’on devrait vous noyer le plus vite possible parce que vous êtes un danger public. Il y a ceux qui disent que vous êtes un imbécile. Eux pensent ...
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