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Addicte (1)
Datte: 15/09/2018, Catégories: Lesbienne
... Coupant court aux présentations, Chantal m’entraina à une petite table isolée au fond du café, me fit assoir sur une banquette de moleskine vieillotte le long de la cloison et prit place près de moi. – Alors comme ça tu veux devenir actrice, ce n’est pas permis à tout le monde. Le sous-entendu trop semblable à la réaction des parents me froissa. – J’ai suivis des cours d’art dramatique pendant cinq ans, et on m’a donné des rôles dans plusieurs courts-métrages. – Voilà, s’imposa Hélène le temps de déposer deux cocktails et une assiette d’olives vertes dénoyautées. Un regard complice confirma le lien d’amitié entre la patronne et Chantal. Celle-ci prit ses aises sur la banquette, la main gauche sur sa coupe et le bras droit sur le dossier à hauteur de mon cou. – Je ne mets pas ton talent en doute, chère Axelle, se défendit-elle. Tu as un point de chute à Paris ? La vie y est chère. L’indiscrétion avait au contraire un effet rassurant, j’évoquai longuement le frère de mon père responsable d’une société de communication à la City de Londres, le superbe appartement laissé à ma disposition. Il me restait quatre mois pour trouver une source de revenu stable, mais rien ne pourrait me détourner de mon objectif. Combien avions-nous avalé de ces cocktails au nom imprononçable en deux heures, quatre ou cinq peut-être. Toujours est-il que je ne savais pas grand-chose encore de ma compagne de soirée. – Et toi ? Femme de militaire, ce n’est pas un boulot, tu dois te faire chier quand il ...
... est parti plusieurs mois. Oups ! Je venais dans la même phrase de la tutoyer et d’employer un langage d’ado décomplexée. Chantal s’en amusa. – Détrompe-toi, courir de réceptions en dîners au bras de Robert n’a rien d’amusant. Mais la solitude est l’occasion de choisir ses distractions, n’est-ce pas ? La pendule au-dessus du comptoir affichait 21 heures, l’alcool me montait un peu à la tête au point de croire à une charmante tentative de séduction. Et combien même, la gentillesse commandait de ne pas m’en défendre sous peine de me retrouver seule. – Oui, si tu le dis. – Petite cachotière, enchaina Chantal soulagée de détourner la conversation, tu n’as pas quitté ton petit ami sans raison. Un autre garçon en vue ? – Certainement pas ! Ma vie sentimentale a toujours été une catastrophe. – Tu as le temps. Et ta vie sexuelle ? Une jolie fille comme toi ne doit pas manquer d’occasions de s’amuser. Holà ! on abordait un sujet brûlant. Rire ou prendre les jambes à mon cou ? Je n’en savais franchement rien, sauf que je me sentais bien en sa compagnie. – Un désert, gloussai-je de manière irréfléchie le nez dans mon verre, je dois être un phénomène de foire. Il m’arrive de me masturber, mais... – C’est déjà ça, souligna Chantal d’un large sourire, tu m’as fait peur un instant. Et tu fantasmes sur qui dans tes séances en solitaire ? Là, c’était la question bête à laquelle je m’efforçais en vain de répondre depuis que la notion de sexualité s’inscrivait en pointillé dans mes marqueurs ...