La fessée de Charlotte
Datte: 25/11/2018,
Catégories:
Première fois
– C’est encore en train de s’engueuler à côté. Et grave. Ce que j’en ai marre ! Chaque fois que ses parents s’expliquent. Et c’est souvent. Et c’est très « engagé », Charlotte vient se réfugier chez moi. – Au moins, ici c’est calme. Elle s’assied sur la petite chaise basse près de la fenêtre et elle parle pendant des heures. Elle est intarissable. – Si seulement je pouvais foutre le camp. Mais il y a la fac. Je vivrais de quoi ? De petits boulots ? J’ai déjà essayé. Ça m’a fait rater mon année. À moins qu’avec Thibault… Parce qu’on s’entend super bien tous les deux. On y arriverait. Seulement pour le bouger Thibault. Il te dit toujours oui. Ça, de ce côté-là, il y a pas de problème. Mais dès qu’il s’agit de passer à l’acte, c’est toujours « Après », « Plus tard », « On a bien le temps » Il m’agace. Ce qu’il peut m’agacer des fois… Elle finit par se lever avec un profond soupir. – Bon, faut que je retourne à côté. Ça va me retomber dessus, sinon. En tout cas comment j’aime ça parler avec toi. Si, c’est vrai ! Tu comprends plein de choses pour quelqu’un de ton âge. En larmes. En sanglots hoquetés. Irrépressibles. Ravageurs. – Eh bien, qu’est-ce qui t’arrive ? C’est quoi ce gros chagrin ? Elle s’est jetée comme une désespérée dans mes bras, a enfoui la tête dans mon cou. – J’ai mal. J’ai si mal. – C’est Thibault, c’est ça ? Elle a fait signe que oui. Oui. – Il te trompe ? Il a quelqu’un d’autre ? – Non, c’est pas ça, non. Il veut plus de moi. Elle s’est dégagée, s’est laissée ...
... tomber sur le canapé et a redoublé de sanglots… Longtemps. – Allons ! Allons ! Calme-toi ! Vous vous êtes disputés ? Ça peut peut-être s’arranger. – Non, ça s’arrangera pas, non. Si tu savais ce qu’il m’a dit ! De tout il m’a traitée. De sale petite vicieuse. De cinglée. De désaxée. Que je ferais mieux d’aller me faire soigner. Et il veut plus jamais entendre parler de moi. – Eh ben, dis donc ! Et la raison de tout ça ? – Oh, rien. Des conneries. – De grosses conneries, alors… – Oui. Non. Mais si je te le dis, toi aussi, tu vas croire que je suis folle. – Et si tu le dis pas, je vais tout imaginer. Les pires perversions. – Oh, non ! Mais c’est un truc… Disons que je lui ai demandé de me faire quelque chose. – De te donner une fessée ? Elle a levé sur moi un regard stupéfait. – Hein ? Mais comment tu le sais ? – Si c’est que ça ! Il y a vraiment pas de quoi fouetter un chat. Elle a eu un bref fou rire nerveux. – Si, justement ! Il y a de quoi fouetter. Elle est redevenue sérieuse, presque grave. – Si tu savais comment ça m’habite cette idée d’en avoir une un jour. Une vraie. Une bonne. Je pense qu’à ça des fois. Pendant des semaines. Mais à qui tu veux que j’aille demander une chose pareille ? Thibault. J’ai cru. Parce qu’on s’entendait bien. Parce qu’il se prend pas la tête. Et voilà le résultat. Je suis pas près de recommencer. Ah, non alors ! J’en parlerai plus. Jamais. À personne. – Et allez ! C’est reparti pour un tour à côté. Ils vont finir par foutre le feu à la baraque, ...