1. Flora, une femme complexée ou comment conjurer le bonheur


    Datte: 27/11/2018, Catégories: fh, complexe, fête, amour,

    Avertissement :Ce texte s’attache surtout à décrire des sentiments. J’en déconseille de ce fait la lecture à ceux qui cherchent des aventures trépidantes ou une histoire conduite tambour battant. -ooOoo- Flora, cette charmante jeune femme de vingt-huit ans, est-elle née complexée ou l’est-elle devenue dès sa plus tendre enfance ? Selon cette seconde hypothèse, la plus vraisemblable, qui donc l’y poussa ? Fût-ce son père, un brave homme, bourreau de travail qui s’éreinta à la tâche et décéda prématurément d’épuisement ou sa mère, une protestante rigoriste qui discernait en tout la griffe de Belzébuth ? Pour elle, laideur et malignité gouvernaient la société et, sans jamais humilier sa fille, elle l’avait dépréciée en chaque occasion. Tout effort demeurait insuffisant et en aucun cas ne suscitait compliments, toute réussite se devait d’être surpassée. De l’excellence de ses bulletins, la mégère ne retenait que la note un peu faiblarde en sport et se bornait à l’encourager à faire mieux. Élève, collégienne, lycéenne puis étudiante brillante, Flora s’était toujours étonnée de ses résultats qu’elle n’hésitait pas à attribuer à la chance. Aujourd’hui, professionnellement, tous l’apprécient pour son intelligence, sa rigueur et son égalité d’humeur. Volant ainsi de promotion en promotion, elle les estime indues et parfois injustes, acquises aux dépens de collègues, nettement plus méritants. Tout échec procède de ses incapacités tandis que les caprices du sort expliquent ses ...
    ... succès. Elle se tient pour un laideron ce qu’elle n’est nullement, bien au contraire, mais adepte depuis sa prime jeunesse de l’auto-dévalorisation systématique, son physique n’a jamais trouvé grâce à ses propres yeux. La malheureuse se fagote en outre dans des vêtements d’un autre âge, excluant toute fantaisie et d’une si triste sobriété qu’ils la rendent terne. Totalement ignorante des frissons de la passion, elle ne vit pas pour autant, à la manière de certaines célibataires de son entourage, dans l’obsession de se dénicher un compagnon à tout prix. Sans être tant soit peu bégueule, elle ne voit pas qui pourrait lui consacrer son amour et pourquoi l’on s’éprendrait d’elle ? Elle-même ne s’est que rarement livrée à de tels sentiments et ne déteste, ni ne chérit personne. Dans le passé, elle a connu deux amants pendant de brèves périodes. Quand elle s’est retrouvée dénudée entre leurs bras, elle n’a guère songé qu’aux défauts de son anatomie et à son manque d’expérience, ce qui l’a amenée à se conduire en petite dinde terrifiée. Ces pensées l’ont raidie et, consciente de cette paralysie ainsi que de ses causes, elle s’en est alarmée si fort qu’elle n’est parvenue qu’à la renforcer. Ces liaisons furent de ce fait très décevantes et elle n’avait pas hésité à se déclarer unique coupable de leurs échecs. Depuis, elle ne croit plus aux vertiges de la sensualité et juge des mots tels que jouissance ou orgasme, qui, dans la bouche de ses amies évoquent un Graal, comme une trompeuse ...
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