1. Ode aux lectrices


    Datte: 28/11/2018, Catégories: h, lettre, humour,

    Ode aux lectrices Chères lectrices, J’aime me servir de mon clavier pour vous offrir du plaisir. Libre à vous de le prendre en découvrant ma prose. Bien sûr, j’ai envie de partager avec vous mes expériences licencieuses et mes fantasmes inavoués, ou encore de vous livrer un récit torride issu de mon imagination débridée. Je caresse tendrement l’idée de vous dévoiler les parties les plus secrètes de ma personnalité. Juste ce qu’il faut pour – je l’espère – titiller votre curiosité, ménager le suspense et susciter un agréable trouble. Malgré l’envie, je ménage ma monture avant de passer à l’acte. Se mettre à nu n’est jamais une mince affaire. L’ivresse des mots n’a parfois rien à envier à l’enfer des sens. Rêver d’être l’objet de votre désir ne m’incite pas à me livrer de suite en pâture à vos yeux écarquillés. Aurais-je éveillé le moindre intérêt en vous livrant mon pedigree en guise d’introduction, sans même le moindre préliminaire ? Vous ne pourriez décemment vous satisfaire d’une entrée en matière si hardie. Peut être accepterez-vous de me suivre plus tard dans des voies plus insolites. Mais je dois à la galanterie et à la modestie de me soumettre d’abord à vos suffrages. Ces termes délicatement choisis sont en effet uniquement destinés à vous procurer des sensations agréables. Votre plaisir de lire constitue l’unique raison de mon envie d’écrire : il y a l’écrivain public, que l’on sollicite pour rédiger son courrier. J’essaie d’être le correspondant érotique que vous ...
    ... convoquez pour mettre sur papier vos fantasmes. Mais cette activité vit ses balbutiements. Les réactions des cobayes qui ont pris le risque de se plonger dans mes essais m’ont encouragé à franchir la porte du grand public. Chères lectrices, permettez-moi une brève infidélité pour m’adresser à mes rares lecteurs. Concentré sur le sujet qui m’obsède, j’en ai presque oublié mes semblables. Et je vais m’empresser de les ignorer dès les prochaines lignes. Mais, que ce caprice de style n’empêche pas les mâles de poursuivre leur découverte. Mon adresse au beau sexe n’exclut aucun lecteur mais qu’ils n’en prennent pas ombrage si je n’ai de mots que pour elles. Pour vous toutes, chères lectrices. C’est mon privilège : devant mon écran, je peux vous consacrer à toutes la même attention, la même énergie, le même désir. Je réalise en même temps un fantasme : comme si je pouvais me multiplier pour combler autant de femmes que je le désire. Et en plus, mon clavier est un instrument de plaisir hélas plus endurant que celui dont la nature m’a doté ! Et mes mots ne choisissent pas : c’est vous qui, par curiosité, par envie, par hasard, par ennui, par goût, êtes venues me lire. Vous qui, pour commencer la journée, pendant la pause de midi, à l’heure de la sieste, entre deux réunions, pendant les vacances, avant de vous coucher, en revenant de la plage, au milieu d’une insomnie, vous offrez le plaisir d’une petite lecture. Vous qui, en attendant l’arrivée de votre amant, après avoir fait l’amour, ...
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