Récits érotiques de la mythologie (7). Pasiphaé et le mythe du taureau ou le bonheur d'être bien remplie.
Datte: 31/12/2018,
Catégories:
BDSM / Fétichisme
... (en refusant de sacrifier la bête). Le mythe de Pasiphaé est le tabou absolu, qui n'a cessé d'interroger depuis l'Antiquité et notamment Euripide, Virgile et Ovide. Le mythe est-il l'illustration du désir incontrôlé des femmes et de leur fameuse « curiosa libido », de leur prétendue avidité, de la passion brûlante et incontrôlée et de leur soi-disant hystérie caractérisée ? Faut-il poser Pasiphaé en victime ou en femme libre qui osa succomber à sa passion ? Ou alors s?agit-il seulement d?une vengeance de Poséidon, elle qui portait aussi les lourdes « cornes » des innombrables infidélités de son époux ? Les interprétations sont nombreuses et le Minotaure apparaît souvent comme une punition face à la folie de Pasiphaé d?avoir copulé avec un taureau. Le désir de Pasiphaé, réduit à lui-même, débouche sur du vide. Un vide dont l'horreur est bien connue et que l'on a voulu à toute force combler, ceci dès l'Antiquité. La première réponse qui fût apportée consista à faire de Tauros le nom d'un beau jeune homme dont Pasiphaé tombe amoureuse et enceinte. À l'opposé, l'amour de Pasiphaé a pu être admis comme possible, manifestation d?une déviance sexuelle par rapport à la norme. Il devient le modèle littéraire de la bestialité. L'interprétation moderne du mythe a longtemps reposé sur d'autres présupposés. Pasiphaé, « Celle qui brille sur tout », représente la lune ; le taureau est un parfait emblème du soleil. À l'origine du mythe, il ne pouvait y avoir qu'un rituel mal compris : le ...
... mariage du Soleil et de la Lune célébré sous forme de rite solennel par le roi et la reine de Cnossos, qui portaient respectivement le masque d'un taureau et d'une vache. L'explication s'est rapidement imposée, car elle satisfait le bon sens et rassure l'esprit rationnel déconcerté par l'étrangeté du mythe. Finalement, le piège tendu à la nature aboutit bien à une transgression des frontières entre l'humain et l'animalité. L'argument de la vraisemblance auquel a recours la Pasiphaé d'Euripide le montre clairement : « Qu'y avait-il dans ce taureau pour infliger à mon coeur la morsure d'un mal à ce point honteux ? ». Dépourvu de tous les atouts d'un séducteur humain, le taureau ne peut susciter l'amour et le désir sans une intervention divine. C'est ce que pensait le poète romain Ovide : « Pourquoi mettre sur toi, Pasiphaé, des vêtements magnifiques ? L'objet de ton amour n'est pas sensible à la richesse. Qu'as-tu à faire avec un miroir, quand tu vas rejoindre les troupeaux de la montagne ? Pourquoi règles-tu tant de fois, sotte que tu es, l'arrangement de ta chevelure ? ». L'apostrophe se clôt par ce conseil proprement subversif : « Si tu aimes Minos, ne va pas chercher d'amant ; ou si tu veux tromper ton époux, trompe-le avec un homme. » Le rêve de Pasiphaé n'est autre que celui d'une métamorphose impossible, tant désirée, comme le dit si bien Ovide, maître des métamorphoses : « Crois-en pourtant ton miroir qui dit que tu n'es pas génisse. Comme tu voudrais voir des cornes ...