La soirée qu'il ne fallait pas rater
Datte: 12/08/2017,
Catégories:
fh,
rousseurs,
... ?— Vous pourriez aussi mettre fin à cet aparté en me répondant que je suis bien curieux.— Intéressé ?— Par ?— Une conquête potentielle, par exemple…— « Damned, je suis découvert ! » dirait le héros dans un western-spaghetti.— Je n’ai guère de mérite ; étant aussi chasseresse, je connais un peu le gibier… Mais je vais vous faire une confidence : je ne chasse jamais sur mes terres, et en plus je ne suis pas célibataire, mais veuve.— Je suis désolé, je ne voulais pas…— Ne le soyez pas ; c’est déjà vieux, plus de dix ans, et le temps a fait son œuvre.— Alors pour clore sur une note positive, j’ai une bonne nouvelle : je n’habite pas sur vos terres mais sur celles de votre voisin. La chasse est ouverte ! J’ai pour la première fois entendu son rire, léger, cristallin, naturel : rien à voir avec les « glouglous » suraigus de la dinde blonde de tout à l’heure. Bourdieu, qui tournait en rond à quelques mètres sans oser s’approcher, a fini par nous rejoindre en nous annonçant le début de la vente. Nous nous sommes rapprochés de l’estrade où madame la Présidente entamait son discours de bienvenue. — Enchérirez-vous sur quelque chose ? me glissa ma voisine à l’oreille.— Je ne vois pas ce qui peut me tenter. Et vous ?— Je vais le faire deux ou trois fois, sur le jambon ou le salon de jardin par exemple ; mais plus pour me faire voir que pour acquérir. C’est aussi bête que ça. Mais j’y pense, le salon de jardin, c’est vous qui allez le vendre ?— Hélas… Il nous a fallu prêter quelque ...
... attention au discours de la présidente. Autour de nous, deux ou trois regards sévères nous avaient déjà condamnés. — Silence ! nous a-t-on chuchoté. Je ne me souviens de rien de ce qui a été dit. Un peu bousculé par la foule trop importante pour le petit salon, je me suis retrouvé coincé cuisse à cuisse contre « mon capitaine ». Difficile de rester sans bouger, mais là j’ai fait un effort. Puis j’ai analysé les informations qui m’arrivaient au cerveau : température tiède, contact élastique mais ferme, musculature mouvante qui se contracte et se détend. Maintenant, il y a plus que les cuisses qui se touchent ; épaule contre épaule, nous résistons à la poussée d’arrière en avant de ceux qui « ne voient pas, avancez un peu s’il vous plaît ».« Surtout, ne pas laisser le contact se rompre. » Le discours dure, à la fois trop longtemps car sans intérêt, et bientôt déjà fini. Au moment où les remerciements se terminent, je sens une main se glisser à la jonction de nos deux cuisses et déplacer discrètement quelque chose. Une fraction de seconde plus tard, je comprends : une attache de jarretelle, pressée entre nos deux corps, peut-être un peu douloureuse pour la cuisse. Je ne peux m’empêcher de chuchoter : — Je m’en doutais, mais la confirmation est plus belle encore.— Chut… dit le Proc devant nous. Pour toute réponse de ma voisine, je n’obtiens qu’un pinçon sur ma jambe. À peine marqué, comme un encouragement. Au même moment, madame la présidente donne la parole à madame la Maire. ...