1. Sissy à bord (1)


    Datte: 24/02/2019, Catégories: Transexuels

    C’était une nuit sans lune. Je me glissais entre les différents containers, sans faire un bruit. J’y étais presque ! Au loin, on entendait le clapotis de l’eau contre les docks, de tant en tant des éclats de voix, de marins qui s’interpellaient. Je cherchais le bon cargo. Enfin, sur une coque grise, partiellement rouillée, je pus lire les cinq lettres blanches : BAHIA. C’était le bon bateau, je touchais au but ! Vous vous demandez peut être ce que je faisais, en pleine nuit, sur les docks du port ? J’étais sur le point de partir ! De quitter la ville, le pays. Il faut vous dire que ma jeunesse n’a pas été facile. Je n’ai pas connu ma mère, et mon père est alcoolique et violent… c’est moi qui faisait tout le ménage à la maison. Nous n’avions pas beaucoup d’argent, le minimum pour vivre. Cette situation n’a pas aidé pour les études ! J’ai donc arrêté l’école à 16 ans et ai tenté de trouver un job, en vain. Ma pauvreté se devine à ma peau pâle, quasi sans poils, à mes vêtements rapiécés… le peu de bonheur que je trouvais dans ma vie était dans les livres, que me laissait la vieille de l’appartement du dessous. Par compassion sans doute. Faut dire que dans les logements où nous vivions, tout devait s’entendre. Les crises d’hystéries de mon père, les coups… Les livres que je préférais étaient ceux sur les pirates, les flibustiers et autre corsaires ! D’ailleurs, c’est pour ça que j’ai laissé pousser mes cheveux assez long, pour pouvoir nouer un ruban noir, comme les capitaines ...
    ... de ces romans… et aussi parce qu’avec ses mains qui tremblent de plus en plus, je ne laisse plus mon père me les couper, et que je suis incapable de le faire moi-même… Un autre livre m’a fortement impressionné : l’histoire de deux types pauvres, qui ayant émigré au Brésil, deviennent chercheurs d’or, et dégottent un filon qui les rend riches ! C’est ça que je veux faire. Je n’ai pas d’avenir ici, et puis ma vie est comme la ville : tellement grise ! Dès que j’atteignis l’âge de la majorité, hier en fait, j’ai mis mes maigres effets personnels et je suis parti de chez moi. Ces effets personnels tiennent dans un baluchon, en fait… quelques caleçons, des mouchoirs, des biscuits que j’ai chapardés au marché, deux bouteilles d’eau. Et les seuls souvenirs de ma mère : un pendentif avec un cœur, imitation or (ce n’est pas vraiment de l’or, sinon mon père l’aurait revendu), et un ruban noir ras-du-cou avec une verroterie bleue… J’ai passé la journée à fureter sur le port, à écouter les conversations des gars qui chargent et déchargent les marchandises, jusqu’à ce que j’entende parler de ce cargo, qui transporte des containers de je-ne-sais plus quoi vers le Brésil. Vers mon rêve. Je n’ai évidemment pas d’argent pour me payer le transport, c’est pour ça que je suis ici en pleine nuit. Pour m’introduire clandestinement dans le navire. Et advienne que pourra ! Je me glissais furtivement vers les derniers containers. Devant moi une rampe menait vers le navire. La plupart des marins sont ...
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