1. Louis


    Datte: 01/04/2019, Catégories: fh, hplusag, fagée, extracon, bizarre, campagne, amour, vengeance, mélo, amourdram,

    Le lendemain, Claire eut toutes les peines du monde à ouvrir les yeux… Non qu’elle ne fut pas réveillée, mais ses paupières semblaient soudées. Elle y porta les mains et constata que ses cils s’étaient collés durant la nuit les uns aux autres, signe d’une crise de larmes dont elle n’avait pas eu conscience. Elle se leva et se dirigea à l’aveugle vers la commode où se trouvait le broc à demi plein de la veille et versa un peu d’eau au fond de la cuvette. Elle apposa doucement ses paumes humides sur ses paupières gonflées et peu à peu ses yeux purent retrouver la lumière. Dans la glace, son visage apparaissait bouleversé, comme pris d’une douleur secrète. Les paroles du luthier résonnaient encore dans sa tête : Votre place, elle est ici et maintenant, entre mes bras. Un frisson la parcourut. Non, surtout ne pas attraper froid. Elle alla chercher ses pantoufles et une robe de chambre. — Je vais me faire un café et cela ira mieux, dit-elle à la psyché. Il faut que je réagisse. Elle descendit l’escalier et se dirigea vers le poêle de la cuisine dont elle ranima le feu. Puis elle mit l’eau à chauffer. Lorsque le café moussa dans sa tasse, elle se sentit rassérénée. Les choses allaient reprendre leur place. Il fallait s’occuper des bêtes, et puis préparer la grange pour la fenaison, filtrer le lait pour le fromage, passer voir les ruches… Surtout, ne pas redescendre au village avant le jour du marché. Si elle avait besoin de quelque chose, elle demanderait à Anita. Justement, cette ...
    ... dernière arrivait à la barrière quand Claire s’apprêtait à nettoyer la grange à foin. Il était presque midi et les yeux de son amie étaient encore pleins de sommeil. — Eh bien, je vois que tu as bien profité de ta soirée ! Anita sourit en s’étirant au soleil. — C’est vrai. Mélanie m’a fichu une paix royale ! Juju et Gilbert se sont relayés pour la faire danser. Elle n’en croyait pas ses yeux ! Comme ça, j’ai pu discuter et valser avec Bernard. Je n’ai qu’un regret : l’autre n’est pas venu au bal. Pourtant j’aurais parié qu’il n’aurait pas raté une telle occasion de flirter.— Bah, il a peut-être eu peur de rencontrer les maris de ses conquêtes ? lança Claire d’un ton moqueur. Anita, surprise de la férocité de la remarque, la regarda d’un air contrit : — En tout cas, toi, ça te ferait du bien de le rencontrer. Je ne sais pas ce que tu as, mais tu es d’une humeur ! Et moi qui pensais que ce bal, même vu de loin, te remettrait le moral au beau fixe… C’est raté !— Que veux-tu, je n’ai plus l’habitude de fréquenter du monde ! Et je ne pense pas que ça changera de sitôt. Quand je les voyais se trémousser hier, sans penser le moins du monde à ce qu’ils ont laissé faire… Je préfère ma solitude à leur hypocrisie. Claire empoigna la fourche rageusement pour stocker le reste de foin près de la porte. Elle était en colère, une colère immense et confuse qui décuplait son énergie. Énergie qu’elle devait à cet imbécile de… Non, elle devait cesser d’y penser. Cet homme ne valait même pas le ...
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