1. Le cavalier de l'Empereur


    Datte: 27/04/2019, Catégories: fh, fbi, hplusag, uniforme, campagne, voyage, amour, Oral aventure, historiqu,

    ... en paysan avisé, envoya l’argent à sa grand-mère qui acheta terres et troupeaux. Mais la plus grosse surprise était à venir. La Prusse écrasée, Napoléon tourna ses forces contre la Russie. Fin novembre, Pierre entrait dans Varsovie avec les troupes de Murat. L’Empereur arriva à son tour quelques jours plus tard dans la capitale polonaise. Dans les derniers jours de 1806, Pierre fut appelé auprès du colonel Dornès, qui lui remit un ordre du maréchal Bessières. Il était affecté au régiment des grenadiers à cheval de la Garde Impériale, l’élite de l’élite. Ils avaient repris la route assez tôt bien que la nuit ait été courte. Une neige, fine comme de la poussière, venait saupoudrer le pare-brise du Range Rover. Le soleil commençait à disparaître lorsque, peu après Saint-Chély-D’apcher, ils prirent une route étroite qui serpentait au milieu des bois et des landes. Au détour d’un virage, ils découvrirent dans la lueur des phares une pancarte « Rignac », ils traversèrent le village, quelques maisons grises groupées autour d’une petite église à laquelle était adossée une minuscule cure. — La cure de l’abbé Dosière ?— Oui, là où Pierre passait ses soirées. La plupart des maisons étaient noires, une seule d’entre elles était éclairée. Ils parvinrent à une place où se trouvait une mairie, étonnamment grande pour l’endroit et, au milieu d’un massif de buis taillés, une stèle supportant le buste d’un général d’Empire. — Pierre ?— Oui, un buste de François Rude, il a aussi sculpté la ...
    ... statue de Ney qui se trouve vers l’Observatoire, celle-ci date de 1854, peu de temps avant sa mort, une de ses dernières œuvres. En sortant du village, ils prirent sur la droite, une longue descente au milieu des champs. Rignac s’arrêta devant une masse de rochers noirs, qui se détachait sur la neige, au milieu d’une grande clairière. Sous la lumière des phares, Charlotte s’aperçut que le rocher était en fait les ruines d’une grande demeure. — Ce qui reste de la maison Jeanlin. En mai 1944, peu avant Oradour, un groupe de SS de la « Das Reich », égaré, est arrivé ici. Ils ont trouvé la femme et les deux filles de Marcel Jeanlin, c’était le vétérinaire, ils les ont massacrées toutes les trois et ont incendié la maison au lance-flammes. Mais Jeanlin était un passionné de chasse au gros gibier. Avant la guerre, il avait fait des safaris en Afrique et au Canada. Lorsqu’il a retrouvé les corps calcinés de sa femme et de ses deux filles, il est allé à son cabinet, au village. Il a pris sa carabine de chasse, une Weatherby, une arme terrible, de quoi tuer un éléphant. Il a trouvé les SS qui bivouaquaient un peu plus loin. Il s’est embusqué et les a tués, tous les cinq puis il a placé son arme sous son menton et a appuyé une dernière fois sur la détente. Cette histoire horrible a inspiré un film, « Le Vieux Fusil ».— Et tout est resté comme ça ?— Oui, Marcel Jeanlin n’avait que de vagues cousins éloignés. La propriété doit toujours leur appartenir mais ils ne s’en sont jamais occupés. ...