1. Les premiers - épisode 2


    Datte: 14/05/2019, Catégories: aventure, sf,

    ... subitement de sujet. Catherine, après quelques tentatives pour imposer un semblant de discipline à ses interlocuteurs, avait renoncé et cueillait au vol les propos comme ils venaient, les traduisant de son mieux à l’intention de ses compagnons. À travers ces conversations décousues, Abraham et ses amis se formaient une idée plus précise de l’endroit où ils venaient d’arriver et ils sentaient leur curiosité se réveiller, brûlante et impérieuse, à chaque nouvelle mention de la «voix». — Mais de quoi s’agit-il donc ? grogna Abraham pour la dixième fois. Catherine Lamouette fit un geste d’ignorance, s’efforça une nouvelle fois d’aiguiller la conversation dans la direction qui l’intéressait. — Dis-leur que nous voulons voir… La jeune Française acquiesça, reprit son dialogue laborieux. Aux réactions de leurs interlocuteurs, Abraham, Bettina et Hiroko devinèrent que la réponse n’était pas enthousiaste. — Ils ne veulent pas, dit Catherine. Ils disent… ils disent que la voix les protège contre leurs ennemis et que de grands malheurs s’abattraient sur eux s’ils autorisaient des étrangers à la rencontrer. Gravement, un vieux duveteux dont la fourrure avait blanchi, prit la parole et, dans un silence qui impressionna fort les visiteurs, se lança dans un long discours que Catherine résuma en quelques mots : les duveteux ne souhaitaient pas partager la voix et ils demandaient à leurs amis, comme prix de leur hospitalité en quelque sorte, de ne pas chercher à en savoir plus. Il n’y ...
    ... avait pas à discuter. Abraham acquiesça. — Dis-lui que nous n’insisterons pas… Il fut ensuite convenu que Hiroko et Bettina retourneraient aux navettes, sous la protection des duveteux, et se livreraient, à bord de Kepler, à une reconnaissance aérienne du pays, tandis que Catherine et Abraham demeureraient au village pour en apprendre plus sur les duveteux. * * * Hiroko et Bettina atteignirent la vallée à la fin de la journée. Le soleil qui se couchait derrière les hautes frondaisons des arbres illuminait les herbes d’éclairs orangés. La traversée de la forêt s’était déroulée sans incidents. Vers le milieu de l’après-midi, des craquements de branches avaient signalé aux marcheurs la présence redoutable des loups, dont les terriens purent apercevoir dans l’enchevêtrement de la végétation les allures furtives. Mais, sans doute échaudées par leur précédente rencontre, les redoutables créatures ne tentèrent aucune attaque et disparurent silencieusement. Lorsqu’ils arrivèrent auprès des machines, l’excitation des duveteux ne connut plus de bornes. Ils bondirent sur le fuselage des machines, examinant, tripotant tout dans un babil déchaîné. Hiroko et Bettina, mi-inquiets, mi-amusés, durent leur défendre l’accès à l’intérieur, où trop de commandes et d’appareils délicats s’offriraient aux petits doigts agiles des créatures. — Je vais faire une première virée maintenant, dit le Japonais. Je pousserai vers l’est, en suivant le soleil. Nous resterons en contact par la radio de Kepler.— ...