1. Natasha & Franck (14)


    Datte: 18/05/2019, Catégories: Transexuels

    ... musique était pour moi un art extrêmement sensuel, sexuel. Les voix, bien sûr, en premier lieu. D’ailleurs, la plus grande majorité de ce que j’écoutais était composé de groupes emmenés par des chanteuses. Quel que soit le style. Même si j’écoutais principalement des groupes rock ou hard rock, j’aimais me plonger dans d’autres univers musicaux. Et encore majoritairement des chanteuses. Mais outre les voix, chaque instrument avait sa propre sensualité. Par le son en lui-même évidemment, mais aussi par un toucher spécial des cordes, des peaux, des touches, qui, selon qu’il soit étouffé, martelé ou glissé, provoquait une chair de poule démultipliant la sensibilité aux caresses, morsures ou griffures. Une suite entêtante de notes parfois entraînait dans une transe sexuelle. Je comprenais enfin d’où venait cette complicité naturelle que je ressentais depuis que je connaissais Natasha, Kristina et Alexandra. Musique, sexe, transsexuelles et transes sexuelles. Cela coulait de source ! Les paroles aussi se mettaient à couler d’évidence, comme si un verrou venait de sauter. Le lendemain, nous quittions Vienne heureux. Heureux de quitter ce mauvais souvenir. Heureux également d’avoir enfin une chanson à nous. Oh, bien sûr, elle demandait encore beaucoup de travail pour sortir de sa gangue et devenir précieuse et raffinée, mais nous étions plein d’énergie et d’envie de la jouer et rejouer jusqu’à ce que, taille après taille, les riffs incisifs des guitares, le polissage de la ...
    ... basse, les chocs de la batterie et enfin la couleur et les éclats de voix en fassent un joyau. Nous étions aussi excités par ce que nous venions de découvrir qu’un chercheur d’or devant sa première pépite. Les jours passaient. Nous bossions d’arrache-pied sur notre chanson dès que nous en avions la possibilité. L’ambiance studieuse qui régnait avant les concerts nous fit quelque peu oublier nos déboires autrichiens. Sans compter que le public du nord de l’Europe était chaleureux et nous poussait donc à nous concentrer sur la musique. Je n’avais jamais autant joué de mon instrument et je réalisais les progrès que j’avais pu faire depuis quelques mois. Cette satisfaction immédiate contribuait aussi à effacer le souvenir désagréable de Vienne. Elle influait aussi sur ma relation avec le reste du groupe. Outre le plaisir évident du caractère sexuel de nos liens, la connivence musicale, déjà bien présente dès le début, se renforçait et une véritable alchimie sonore se mettait en place. Nous logions au Generator Hotel. C’était une auberge de jeunesse placée en plein centre de Copenhague. Alexandra avait choisi cet endroit après une recherche sur le net. Elle avait été séduite par le coté moderne qui, allié avec une déco avec beaucoup de bois, n’avait pas cet aspect froid et impersonnel qu’ont beaucoup d’hôtels récents. A l’arrière du bâtiment, il y avait une grande terrasse aménagée de tables et de banquettes en bois qui permettaient de profiter des beaux jours. Chaque emplacement ...
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