1. Le Défi - Ascension vers la vie


    Datte: 25/05/2019, Catégories: nonéro,

    ... blanc, respirer, un pas et un autre, encore un mètre. M’en fous de Edmond et de Tenzing, encore un pas et un autre. Il parait qu’ici notre cerveau le fonctionne plus qu’à trente pour cent de ses capacités, il fait froid, mes muscles brûlent. Il n’y a pas d’odeur, juste le bruit du vent, de la respiration, du cœur qui bat à toute vitesse pour transporter le peu d’oxygène que les poumons filtrent Le vent, le froid, tout est blanc, respirer, un pas et un autre, encore un mètre. M’en fous de Edmond et de Tenzing, encore un pas et un autre. Cela avait été trois mois de fous, les formalités, le matériel et le transport de celui-ci. Puis l’acclimatation ; attendre la bonne fenêtre climatique ; Francesco n’était pas pressé, il voulait y arriver après trois échecs. Les amis, les autres, étaient revenus petit à petit, promettant de prendre des nouvelles, de s’occuper d’Elisabeth. Quelques-uns disaient que j’étais fou, me conseillant de ne pas y aller, de faire du yoga à la place. « C’est super bon le yoga, regarde j’en fais depuis cinq ans et pas un problème, je suis Zen. » Je ne disais rien mais n’en pensais pas moins « Ouais et c’est pour ça que le dernier en date s’est barré avec la prof de danse de ta fille ! » Le vent, le froid, tout est blanc, respirer, un pas et un autre, encore un mètre. M’en fous de Edmond et de Tenzing, encore un pas et un autre. Alain nous avait dit : « Trouvez-vous une mantra pour marcher, rien de compliqué, le cerveau ne fonctionne qu’a ...
    ... trente pour cent ici ». Trente pour cent, j’avais viré tous les trucs poussiéreux qui ne servent pas. Adieu les anciens collègues de bureau, de toute façon pas un ne m’avait appelé alors qu’ils promettaient tous de le faire au minimum une fois par semaine. Finis les maquettes de voiture, je n’avais même pas terminé la première entamée il y a trois ans. Basta de la politique politicienne, de la télé, de la télé-réalité-poubelle, quand je rentre c’est l’appareil que j’y mets plus mon cerveau. Le vent, le froid, tout est blanc, respirer, un pas et un autre, encore un mètre. M’en fous de Edmond et de Tenzing, encore un pas et un autre. J’étais revenu à l’essentiel et mon essentiel c’était Elisabeth et les enfants. Et puis ce fut la délivrance, un pas et j’y étais. Vite nous avons posé pour les photos, le paysage est fabuleux, irréel, rien n’arrête la vue. Il fallait déjà repartir. Fébrilement je sortis le téléphone satellite, je l’avais vérifié et re-vérifié hier soir encore. Il avait été aménagé, ne comportant que deux boutons, celui de marche-arrêt et celui pour appeler Elisabeth. — « Allo ? » C’était elle !!— « Ma chérie, c’est moi (évidemment qui d’autre). J’ai réussi, j’y suis, je t’aime. »— « Moi aussi mon amour, je t’aime. Sois prudent reviens-nous entier et vivant » Alain, Francesco et moi avons atteint le sommet de l’Everest le neuf octobre. Pour son quatrième essai Francesco a voulu prendre la voie mythique de Sir Edmond Hilary et monter sans oxygène. 
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