Une soirée agitée
Datte: 06/06/2019,
Catégories:
fh,
voisins,
pénétratio,
Une pluie fine, collante s’accroche aux grands bâtiments sombres. Les allées de la ZUP sont désertes, seuls les lampadaires parviennent à percer la nuit froide. Une voiture pénètre dans le sous-sol obscur. Elle s’arrête devant un portail métallique. Une femme descend, l’ouvre, remonte au volant. Elle manœuvre, avance, recule semble hésiter. — Pourvu que je ne l’accroche pas ! Carine, la tête tournée vers l’arrière tâtonne, essaie de placer la 206, mais c’est difficile de se guider dans l’obscurité malgré le faible éclairage du local et les feux de recul. Enfin, elle est garée. Plus qu’à basculer le portail et monter chez elle. Elle n’aime pas traîner seule, dans ce sous-sol, le soir. La journée a été dure, de quatorze à vingt heures, un samedi, hôtesse de caisse comme on dit maintenant, avec des clients impatients, grognons, du bruit, les packs d’eau ou de lait à faire glisser, c’est l’enfer. Heureusement, elle rentre, va retrouver Thierry son petit mari. Enfin petit, pas tant que ça, près d’un mètre quatre-vingt, et drôlement costaud. Il a abandonné le rugby quand ils se sont mariés il y a trois ans, mais il en a gardé les muscles, et même un peu de graisse. Mais il est beau comme ça, même si son visage et ses oreilles ont un peu souffert dans les mêlées. Et puis surtout sa petite Myriam. Six mois, mignonne tout plein, sauf quand elle pleure, mais enfin, c’est rare. Avec Thierry ils en sont fous. Ils l’ont voulue, et elle est née en juin, ils ont pu en profiter pendant les ...
... congés d’été. Ce matin, elle a fait le ménage, préparé un petit repas pour ce soir, ils vont passer une soirée en amoureux. Thierry pendant la grossesse puis après la naissance de la petite a été privé de câlins quelque temps et maintenant il se rattrape. Cet après-midi, il y avait le tournoi des six nations et il a dû le regarder tranquille pendant que la petite dormait. Et comme la France a gagné, il sera émoustillé et en forme. Ça va être une soirée merveilleuse. À la sortie de l’ascenseur, elle n’a que quelques pas à faire. Elle entre et dans le couloir perçoit une drôle d’odeur. La fumée de cigarette. Pourtant Thierry s’est arrêté dès qu’elle a été enceinte. Du bruit dans la salle de bain : Thierry encore en train de laver la petite ? — Mais tu ne l’as pas encore fait, tu sais bien qu’à huit heures il faut qu’elle soit couchée.— Oui, mais j’ai pris un peu de retard. Tu peux me remplacer, nous sortons ce soir avec les copains.— Quoi ! Et notre soirée, tu me l’avais promis.— Oui, mais les copains sont venus, on a regardé le match, et on a décidé d’arroser la victoire. Carine s’avance vers la salle de séjour. Elle reste plantée, médusée. Une brume de fumée de cigarette, une atmosphère irrespirable. Elle qui a passé sa matinée à mettre de l’ordre, tout ranger, astiquer, il y a maintenant des boîtes de bière partout, au sol, sur les meubles, des ronds de liquide sur sa table basse, des cendriers qui débordent de mégots. Les fauteuils, les chaises en désordre, le bordel quoi, ...