Harmonie du soir
Datte: 07/06/2019,
Catégories:
nonéro,
... ensemble ce projet que je trouve à présent stupide. Vous comprenez ? Rien n’a changé. Je ne veux plus de vous dans ma vie.— On verra, répliqua-t-il. Il lui fit un dernier sourire, puis sortit. Une fois la porte refermée, il attendit un long moment, dans l’obscurité du couloir. Puis enfin, il y eut un frottement derrière la porte, et le verrou fut tiré, de l’autre côté. Bien, elle y avait pensé. Il ne se décidait pas à partir. Il aurait voulu la convaincre définitivement, pour être sûr de la revoir bientôt. Mais d’un autre côté, le baiser l’avait beaucoup plus affecté qu’il n’y paraissait. Et la fatigue commençait à peser sur ses épaules. Il ne savait plus vraiment quoi faire. Liana avait raison, le bon sens leur dictait de se tenir éloignés l’un de l’autre. Mais il lui devenait presque aussi nécessaire de la voir que de respirer. Cette pensée le fit grimacer, et lentement, il prit le chemin de l’escalier. Pas possible, il devenait vraiment trop sentimental, avec l’âge. Et pourtant, heureusement qu’il était là pour veiller sur elle. Il y avait vraiment quelque chose qui n’allait pas chez Liana. Il craignait qu’elle ne fasse une bêtise. Malgré tous les efforts qu’elle faisait pour faire croire qu’elle allait bien. Cette façon de se soûler n’était pas le comportement d’une personne dont le moral serait au beau fixe. Il en savait quelque chose ! Soudain, il se prit à penser qu’elle s’était mise à boire, peut-être, à cause de lui. Et il ne supporta pas cette idée. L’air frais ne ...
... lui fit aucun bien, contrairement à tout à l’heure. Il ne cessait de penser au baiser ardent qu’elle lui avait donné, et aussi à la bouteille de liqueur. Et surtout au journal. Elle allait le lire, maintenant. Il le savait. Elle le lirait de la première à la dernière page. Elle lirait les inepties de Diana, ses confessions démoralisantes, sa morosité, son désespoir, elle lirait ses stupides théories sur l’amour, et enfin, elle lirait les derniers passages, et elle pleurerait. Et une fois versées toutes les larmes de son corps, elle se mettrait à réfléchir. Et elle comprendrait, évidemment. Et elle le haïrait. Tout était une question de jours, désormais. Et cela non plus, il ne le supportait pas. Dieu, quel imbécile il était. Il avait voulu lui faire plaisir sur l’instant. Mais son avenir se ferait sans Liana, maintenant. Et il ne comprenait pas pourquoi cet avenir semblait si triste, d’un seul coup… Et c’était bien de sa faute, comme d’habitude par ailleurs. Si Julien apprenait qu’ilavait eu le journal, et qu’il l’avaitvolontairement rendu, il le massacrerait. Au milieu de toutes ces pensées désordonnées surnageait une bien piteuse révélation : lorsque Liana l’avait embrassé, ce n’était paslui qu’elle embrassait. Comment n’avait-il pas remarqué plus tôt qu’elle pensait constamment à quelqu’un d’autre ? Lorsqu’elle lui parlait, lorsqu’elle lui souriait, lorsqu’elle pleurait, lorsqu’elle l’abreuvait de sa rage, lorsqu’elle regardait dans le vide. Lorsqu’elle riait, lorsqu’elle ...