Palabres et révélations - Histoires de Sexe

Palabres et révélations

... d’un coup sur la gauche, sans raison apparente. Il éclate le parapet et envoie la caisse au fond du lac. À cet endroit, il y a plus de quinze mètres de fond. Et là, juste après le crash, surgi de nulle part, Marc débarque. Les similitudes entre l’accident de Manon et le mien me firent soudain éprouver un vif sentiment de malaise. — Ni une, ni deux, Marc plonge pour sauver ceux qui peuvent l’être. Imagine, c’était en plein hiver ! Le lac était gelé, l’eau glaciale. Il aurait pu y rester, le con ! Personne ne sait comment il a fait, mais il a sorti la fille. Les autres y sont tous restés, par contre…— Et elle, comment a-t-elle survécu ? demandai-je enfin, dans un souffle.— Une nappe d’air coincée sous le toit de la bagnole, juste à l’endroit où elle se trouvait. Un vrai miracle ! J’en eus des frissons. Fixant Marc d’un regard intense, j’essayais de décrypter les émotions piégées dans le noir de ses pupilles. Détresse. Accablement. Peur. Pourquoi ne m’avait-il rien dit de tout ça ? Je me doutais que cette histoire était une torture pour le bibliothécaire. Ma soif de savoir était cependant trop grande pour s’en arrêter là. Suivant notre code tacite, je me penchai en avant pour offrir à Thomas une vue grandiose sur mes seins, le pressant de continuer. L’ado, qui me dévorait des yeux, reprit aussitôt son récit. Cette fois, je sentais une drôle de chaleur me monter aux joues. Je ne rêvais pas, j’étais en train de provoquer un gamin pas plus âgé que certains de mes terminales ! ...

... N’était-ce qu’un jeu entre nous, ou avais-je déjà basculé dans le domaine de la séduction, consciente et assumée jusqu’au bout ? — La nana était en hypothermie, mais elle n’avait rien, même pas une égratignure. À ce moment-là, son pater était prêt à décerner toutes les médailles du monde à Marc. Il n’en a pas eu besoin, c’est sa fille qui s’en est chargée. Aussi sec, elle est sortie avec mon cousin. J’peux t’dire que je l’ai envié, c’veinard ! Manon était gaulée comme une déesse, ils ont dû foutrement bien s’amuser, au pieu…— Thomas, tu fais chier ! gronda le pompier.— Oups… désolé, j’retire. Bon, il faut dire que ces deux-là, c’était du sérieux. Le grand amour. Une passion comme on n’en voit que dans les romans. Manon et Marc n’ont vécu ensemble qu’un an, mais déjà ils parlaient de faire un marmot, de prendre un crédit pour une ruine à retaper, du côté de Mont-Louis. Marc paraissait hypnotisé par le récit de Thomas, tout comme moi. Des larmes glacées inondaient ses yeux. À cet instant précis, il regardait directement dans l’abîme de ses souvenirs — Mon bon vieux Marc était tranquillement en train de se caser. J’étais dégoûté. Finies, les virées, plus question de faire les quatre cents coups ensemble…— Si seulement, murmura le pompier, blême comme quelqu’un sur le point de tomber dans les pommes.— Marc… ça va ? m’inquiétais-je. Tu es tout pâle !— Ça va, répondit-il, nous rassurant d’un faible sourire. La réaction de Marc avait interrompu Thomas, le sortant de sa transe. Je ne ...