Jane - Histoires de Sexe

Jane

... fatal à Isadora Duncan. J’avais encore eu une longue conversation avec elle hier soir, je venais de faire sa révolution solaire et nous en avions discuté jusque tard dans la soirée. J’appréciais beaucoup son humour et le lui avait dit souvent. La route avait été plus rapide que prévu et à six heures je me trouvais devant le portail de leur propriété. Je n’eus même pas besoin de sonner, la grille s’ouvrit d’elle-même et Rosi se précipita à ma rencontre. — R. « Mon chéri tu arrives juste à l’heure pour l’apéritif. » Déjà elle m’embrassait comme du sucre, tout en ayant mis le moulin à paroles sur la vitesse rapide. — R. « Mais que t’arrive-t-il ? »— M. « Rien, pourquoi ? »— R. « Tu as les cheveux coupés, de nouvelles chaussures, une nouvelle voiture. Tu nous caches quelque chose. Tu es marié, non, tu as une amie. » Nigel arriva sur ces entrefaites et dit : — N. « Mais laisse-le un peu respirer, il vient de faire une longue route. » La maison est une jolie bastide de la fin du dix-neuvième siècle, ils en avaient tiré le meilleur avec beaucoup de goût et pas mal d’argent. La cuisine est la plus belle pièce de la maison, à mon goût bien sûr, et j’y passais des heures. Ma grand-mère paternelle venait de la cité des Papes, elle avait épousé un Vaudois. J’avais passé des vacances entières chez eux, elle me parlait avec son accent chantant tout en confectionnant une cuisine savoureuse. J’avais petit à petit appris la plupart de ses secrets. Le jardin fait l’objet de toutes les ...

... attentions de Rosi, c’est difficile de le décrire, il semble en désordre mais en fait c’est tout le contraire. Il y a une série de petits chemins, passages plus ou moins secrets, buissons odoriférants, un énorme lilas de Perse garde l’entrée de la piscine, il faut contourner un banc se courber un peu pour entrer dans le buisson et déboucher sur la piscine. Celle-ci est protégée des regards par de hauts murs en pierre du pays, envahis de plantes grimpantes. Ce jardin m’avait toujours séduit et j’aime y flâner à toutes les heures du jour ou de la nuit. J’avais même découvert un petit passage qui permettait d’avoir une vue sur la piscine sans être vu. — R. « Eric mon chéri est ce que tu m’écoutes ? » J’avais un peu perdu le fil du monologue. — M. « Non, excuse-moi, j’étais un peu distrait. »— R. « Je te disais que Jane a appelé aujourd’hui, elle viendra passer quelques jours à la fin de la semaine. Nigel, ta fille m’étonnera toujours, on ne l’entend pas pendant des mois et brusquement elle arrive. »— N. « À qui la faute ? »— R. « Oui je sais, je l’ai trop gâtée. »— R. « Donc, elle occupera la chambre voisine de la tienne et vous partagerez la salle de bain. Fais attention, elle est très pudique. » Je promis tout, je rêvais de nouveau, j’allais enfin la rencontrer. Depuis quelque temps j’avais l’impression qu’un lien invisible s’était noué entre nous. Mais c’était peut-être le fruit de mon imagination aussi fertile que la langue de Rosi était volubile. Le dîner fut très bon (j’y avais ...