La carpe et le lapin - Histoires de Sexe

La carpe et le lapin

Pour son anniversaire son parrain lui offrit un petit lapin, adorable avec son museau rose et sa queue blanche. — En voilà un cadeau ! Nous n’avons pas de cage à lapin, s’exclama sa mère en levant les bras au ciel.— Il couchera dans ma chambre.— Sûrement pas dans ton lit en tout cas, sinon tu files au Bon-Pasteur. Il était fréquent, en ce temps-là, de menacer ainsi les filles délurées. Elles y brodaient des draps de lit, surveillées par des sœurs pas commodes. Mais que craignait-elle donc, la mère de cette jeune fille ? Sans doute avait-elle eu, quand elle était jeune, d’abominables pensées ! Sa fille se contenta de déposer quelques chiffons dans un panier dont elle découpa un des côtés pour y faire coucher l’animal. — Crois-tu bien hygiénique, quand même, lui dirent ses parents, de laisser ce lapin dans ta chambre ?— Il est si mignon, se justifia la demoiselle. Et très propre. Il faisait en effet la plupart de ses besoins, comme on dit, dans un récipient garni d’une sciure que la jeune fille remplaçait chaque semaine. Elle prenait soin, également, de bien ramasser les restes de carottes et trognons de choux que le rongeur abandonnait çà et là sur le plancher de sa chambre. S’il y avait de petites crottes – et il y en avait – elle les recueillait également, après avoir évité de marcher dessus, bien sûr. Surtout pieds nus. Son grand frère, qui travaillait en ville au guichet d’une banque, revint pour les fêtes de Pâques. Elle lui montra le rongeur. Il fit quelques ...

... plaisanteries grivoises sur les mots qui désignaient le lapin au moyen-âge. Quelques mois passèrent. Un méchant soir, son père, en observant l’animal qui avait bien grandi, affirma qu’un civet relevait désormais du domaine du possible. La demoiselle pleura beaucoup avant de s’endormir, puis estima au petit jour que son père avait sûrement plaisanté. — Mon pauvre petit lapin, dit-elle à l’animal en le pressant contre sa poitrine dénudée, jamais, jamais tu ne finiras en civet ! Elle trouva fort agréable le contact du doux pelage du mammifère sur ses seins si sensibles. Un autre phénomène l’amusa. Le membre de l’animal en question venait de grossir ! Il n’en demeurait pas moins des plus modestes, certes, mais enfin… — Veux-tu bien te tenir tranquille, petit vilain ! gronda gentiment la jeune fille en le posant dans son panier, où le pauvre animal tenta, mais vainement, de se soulager en se frottant contre le tissu.— Il s’ennuie tout seul. Il faut que je lui achète une compagne, annonça aussitôt la demoiselle à ses parents.— Tu n’y penses pas ! grommela son père. Ces animaux-là se reproduisent à toute allure, et nous en serions envahis.— Je la paierai avec mes sous, et je donnerai les bébés lapins à mes amies, qui seront bien contentes d’en avoir.— Si elles sont aussi bêtes que toi ! De mon temps… Bon, de toute façon tu ne vas pas te mettre à faire un élevage intensif de lapins dans ta chambre, assena son père. Ni même ailleurs, ajouta-t-il. Mais il ne renouvela pas la menace maternelle du ...