1. La kermesse


    Datte: 05/08/2019, Catégories: fh, fplusag, religion, poilu(e)s, bizarre, intermast, Oral pénétratio,

    Le lendemain de mon aventure avec Bérengère, je ne pus résister à la tentation de faire le tour des commerçants pour prendre un peu la température. Comme je pouvais m’y attendre, des remarques fusaient ça et là, souvent à mots couverts. Elles évoquaient toutes ma visite chez la bigote. Au troquet, n’y tenant plus : — Bon, allez, ça va les gars, ça suffit vos conneries. Arrêtez de vous monter la tête ! C’est vrai qu’hier soir j’ai été invité à dîner chez la Bérengère. Mais y a pas de quoi en faire tout un foin. Regardez-moi ! J’bois toujours du pastaga et j’suis pas plus converti aux bondieuseries qu’avant.— T’as dû passer un sacré bon moment là-bas, à l’écouter prier, la curetonne…— En tout cas, ce que je peux vous dire, c’est qu’elle fait très bien la cuisine et qu’elle a une petite poire de derrière les fagots : un vrai délice— Mais, tu l’as vu, au moins ?— Qui ça ?— Ben, SON Georges ! (Et ils éclatèrent tous d’un rire franc et moqueur.)— Oui, j’ai vu le grand tableau encadré qui trône dans le salon… par contre, aucune trace de la fameuse statue de cire, celle de son Georges grandeur nature.— C’est que t’as pas bien regardé, mon gars.— Faut dire que j’suis pas non plus monté dans sa chambre, ai-je cru bon d’ajouter, j’suis resté sagement dans la salle à manger à faire causette. Et cette fameuse statue, elle n’a pas l’air d’être en bas.— Elle est peut-être dressée au pied de son lit ! supposa l’un d’eux (rires).— Ou alors couchée parmi ses draps, contredit l’autre ...
    ... (re-rires).— Ou alors elle trône au beau milieu de la salle de bains, proposa un troisième (re-re-rires).— Et bien, l’prochain qui va chez elle, j’l’invite à monter à l’étage, et à faire sa petite inspection, il n’aura qu’à mieux fouiller… Allez, pour la peine de m’être si mal démerdé, c’est moi qui paye la tournée aujourd’hui. Et ce petit intermède suffit (en tout cas provisoirement) à faire taire les rumeurs qui allaient toujours bon train dans ce sacré village. Le lendemain, c’était jour de kermesse. Jean-Paul, le bedeau, vint me chercher aux premières heures. Nous avions beaucoup d’installations à réaliser, et la plupart des hommes costauds de la paroisse allaient être mis à contribution. Débâcher les stands, sortir les tables, dresser les barrières autour de la grand-place. Il y avait fort à faire et la procession démarrait vers dix heures, juste avant la grand-messe et le début de la fiesta. Nous avions bien proposé à monsieur le curé de mettre tout ça en place quelques jours auparavant, mais les villageois avaient encore en mémoire le souvenir de l’année catastrophique où un orage violent avait dévasté les préparatifs, quelques heures seulement avant la fête. D’où cette agitation obligatoire à la dernière minute. Je croisai Bérengère à la porte du presbytère. Elle me salua très respectueusement, et je lui rendis son salut de façon toute aussi digne. Elle agissait exactement comme s’il ne s’était rien passé entre nous, et elle était sans nul doute comme elle avait toujours été ...
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