1. Service personnalisé


    Datte: 07/09/2019, Catégories: Entre-nous, Les hommes,

    ... une fine cravate couleur terra cota que je ne mettrai que ce soir. Aujourd’hui, pas de chaussettes puisque je choisis de porter des mocassins en daim marron clair. Je trouve que ce choix de vêtements s’accorde bien avec mes cheveux châtains ou ma barbe grisonnante et correspond à ma fonction. On pourrait penser que le travail de directeur d’hôtel est un travail plaisant. Il n’en est rien. Je suis bien évidemment conscient que beaucoup d’autres emplois sont plus pénibles, c’est certain ! Mais mes marges de manœuvre sont très limitées par le groupe qui m’emploie. Il faut faire toujours plus, offrir une qualité améliorée avec toujours moins de moyens. Je ne peux même pas gratifier la gouvernante d’une augmentation sensible alors qu’elle est exemplaire. Elle se tue à la tâche, elle est toujours disponible, serviable et fait montre d’un esprit d’équipe exemplaire. Tout dirigeant rêverait d’avoir de tels employés et je n’ai à lui offrir que ma reconnaissance. A l’opposé, une employée d’étage se retrouve régulièrement en arrêt maladie le dimanche pour des douleurs lombaires qui sont censées la clouer au lit alors qu’on la retrouve proposant tout un tas babioles hétéroclites sur les brocantes des environs. On me refuse d’adopter des mesures coercitives par peur d’une confrontation au prud’homme qui pourrait se révéler coûteuses pour l’établissement. De même, je voudrais gratifier d’une prime ce beau serveur brun qui sait mettre ses fesses rebondies en valeurs par des pantalons très ...
    ... ajustés et qui me gratifie toujours d’un sourire qui ferait se dresser l’attribut phallique de Saint Paul ! Hélas, je ne peux lui accorder cet avantage financier. Autre aspect négatif de ma charge, la paperasse : établir les budgets et prévisionnels, remplir des tableaux et dossiers à n’en plus distinguer les chiffres et les lettres sur l’écran d’ordinateur ! Et pour tout dire, je ne suis même pas sûr que tout cela soit consulté par ma hiérarchie ! Heureusement il y a le côté relationnel qui permet de contrebalancer tout ça. Il nous arrive de recevoir des clients particulièrement séduisants avec qui on tente de s’attarder un peu plus. Je pense notamment à cet habitué, un commercial qui m’attire avec cette belle fossette sur le menton ou ce groupe d’équilibristes qui ont assurés l’année dernière des représentations ; je contemplais à l’envi les corps exceptionnels mis en valeur par des costumes scéniques dévoilant un maximum de leur musculature. Ce soir, j’accueille un groupe qui séjournera à l’hôtel pour une semaine (d’où la nécessité de la cravate). Un pot d’accueil avec un peu de flirt pour ces dames du troisième âge, un peu d’humour grivois pour ces vieux messieurs, une rapide présentation de notre belle région des côtes Atlantiques. Cela suffit à me réconcilier avec ma charge. Pour l’heure, je suis en voiture, la clim me soufflant une brise rafraichissante au visage, la radio diffusant « Take me to church » d’Hozier. Je confirme, c’est une belle journée. Je suis presque ...
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