Les pensées d'autrui
Datte: 21/09/2019,
Catégories:
fh,
couple,
médical,
Oral
fantastiqu,
h+medical,
... En attendant je vais vous apporter celui du service… Ce n’est pas pour téléphoner en Amérique ?— Vous êtes vraiment très gentille, non c’est juste à ma femme pour qu’elle me rapporte quelques bricoles. Merci beaucoup. C’est Élodie qui pose une bouteille d’eau à côté de moi et me donne un combiné sans fil : — Emmanuelle a demandé que vous sonniez quand vous aurez fini.— Merci mademoiselle… Sophie est toute surprise de m’entendre. Je lui demande ce dont j’ai besoin : mes affaires de toilette, tee-shirt et caleçon pour être un peu plus à l’aise dans la chambre et de la lecture. Elle m’explique qu’elle a réussi à s’arranger avec son patron qui la libère pour toute la fin de la semaine. Et la journée se passe sans événement notable. Le train-train hospitalier, puis la longue visite de Sophie avec son amour (couleur nacrée), ses préoccupations journalières (bleues et vertes) et tous ces petits riens qui remplissent la vie. La visite du professeur D. n’apporte rien de nouveau sinon que, si tout se passe bien, je pourrai sortir après-demain samedi. Sophie rayonne de joie et se fait gronder gentiment par le professeur parce qu’elle s’est jetée à mon cou : — Attention, madame, il est encore convalescent… Elle rougit puis blanchit de peur rétrospective. Le professeur la rassure : je ne suis pas fragile à ce point-là, mais il faut quand même me ménager. Le soir, tôt, je m’endors comme une masse et je me réveille deux heures après ! Plus moyen de me rendormir. Je lis longuement. ...
... J’allume la télé… Rien n’y fait. Je me tourne, me retourne, m’énerve… De guerre lasse, je sonne pour demander un cachet pour dormir. L’infirmière de nuit arrive. C’est une grande femme, la quarantaine, avec une figure lasse. Je lui explique mon cas et elle me répond qu’elle va chercher ce qu’il me faut. Elle revient après quelques minutes, me tend une gélule et me verse un verre d’eau : — Tenez, ça va vous faire du bien. Avec ça vous devriez dormir… Je commence par m’excuser de la déranger en plein milieu de la nuit. — Vous savez, je suis là pour ça… Et puis, il ne faut surtout pas que je m’endorme, j’ai le sommeil tellement lourd que je n’entendrais pas les sonnettes ! Au contraire, comme la nuit est très calme, je suis contente de me bouger. Si vous voulez, je peux rester un peu avec vous, le temps que le produit agisse. Sans même attendre ma réponse, elle prend le fauteuil, le retourne pour que l’on puisse se voir en face et s’assoit à côté de moi. Elle a l’air épuisée, des cernes bleuâtres entourent ses yeux et sa peau est grise, blafarde. Elle me sourit mais son sourire est rempli de chagrin. Elle s’accoude sur le lit et je peux lui prendre la main. C’est un déferlement. Dans une lumière jaune sale, presque caca d’oie, un embrouillamini de pensées fulgurantes. Il me faut quelques instants pour reprendre pied et essayer d’y voir clair. En même temps, de façon presque autonome, ma bouche avait dit : — Vous avez l’air exténué. Il y a longtemps que vous faites le service de nuit ? ...