1. Les souris dansent


    Datte: 13/10/2019, Catégories: fh, ff,

    — Non, mais t’es sérieuse ? C’est pas crédible, ton histoire ! Paul-Louis me regardait d’un air abasourdi. Ses cheveux sales en bataille ajoutaient à son charme. Même fagoté comme un as de pique, mon Polo était toujours aussi beau. Pourtant je ne faisais que lui raconter la stricte vérité. — Tu veux dire que ton pote Tim te confie sa copine, comme on confie son chat quand on part en vacances ? reprit-il— Ben non, un chat n’a pas son mot à dire !— Quand même, c’est drôle ! J’admets que ce n’est certes pas une situation courante. Mon cher Tim était enfin sorti de sa dépression et s’était trouvé une jolie petite copine, ainsi qu’un job fort sympathique, dans sa branche, dans un musée prestigieux à la capitale. Oui, mais voilà, la jolie petite copine était encore étudiante et ne pouvait espérer intégrer une université parisienne en cours d’année. Et comme chacun le sait, les relations à distance, c’est difficile. D’où ma proposition malhonnête de m’occuper d’elle en son absence. Sauf que cette grande tige de Tim m’avait prise au sérieux, en me rétorquant : « Tu sais, elle aime les filles aussi » et en me donnant le numéro de téléphone de la demoiselle. — Et voilà pour les amoureux, lança la vieille tenancière en posant un café crème et un jus de pomme-gingembre sur la table en inox devant nous. Tandis qu’elle s’éloignait, Polo tourna vers moi un regard mi- amusé, mi- inquiet. À moins que ce soit le soleil qui l’éblouissait. — Ça ne te dérange pas qu’on nous appelle les ...
    ... amoureux ?— Pas le moins du monde, fis-je en recueillant la mousse à la surface du café avec la petite cuillère.— Oh, j’ai trouvé un pied ! s’exclama-t-il en glissant une main sous la table pour mieux l’attraper. Je sirotais doucement le liquide brûlant. — Pfff, qu’est-ce qu’on est cul-cul la praline !— Moi j’aime bien ça.— Alors moi aussi. Bon donc tu l’as invitée à manger et puis tu l’as sautée ? questionna Polo.— Attends ça ne s’est pas passé comme ça… ********** Je nous revois encore Tim et moi dans mon salon, moi assise sur ses genoux, le félicitant d’avoir oublié son ex, lui sirotant son thé tellement sucré que le goût devait en être dénaturé. J’étais sincèrement heureuse pour lui. Enfin, il ne m’appellerait plus en pleine nuit, pour déverser son dévorant mal-être d’avoir perdu la seule et unique nana de l’univers censée pouvoir le comprendre. Il s’était ouvert à de nouvelles rencontres amicales ou sexuelles et paraissait ne plus mettre toute son estime de lui-même dans le regard de l’autre. — C’est gentil de descendre du Grand Nord pour rendre visite à une pauvre petite provinciale comme moi— Roh, tout de suite… maugréa-t-il en caressant distraitement ma poitrine à travers mon débardeur. (C’était un mardi, journée sans soutif)— Mais oui, au-dessus de la Garonne c’est le Nord ! taquiné-je gaiement, jouant avec tantôt avec ses lourdes boucles blondes, tantôt sa maigre pilosité faciale.— Je ne suis pas devenu un parisien snob, d’accord ? Tu n’as qu’à venir, je te ferai voir de ...
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