La sellette de Tannhäuser - Histoires de Sexe

La sellette de Tannhäuser

... que c’était tout bêtement une montre quand je me souvins, je ne sais pourquoi, que les premières horloges, avec un mécanisme à poids, un peu comme les horloges comtoises mais sans le balancier, et de toute manière réservées aux cathédrales et autres monuments importants au vu de leurs dimensions absolument monumentales, avaient été inventées précisément à cette époque-là. Alors, un bidule donnant l’heure et aussi minuscule que ma montre, cela ne pouvait coller pour lui. — C’est un peu compliqué à expliquer, mais ça a la même fonction que votre sablier, là. Il se retourna brusquement et se précipita vers la corde qui actionnait la cloche de l’église. — C’est l’heure de la messe, et j’allais l’oublier… D’ailleurs, tout un tas de gens s’étaient déjà massés devant les portes et commençaient à entrer. Tout seul dans mon coin, je préférai rester discret. Cependant, mon attention fut captée par un jeune garçon qui boitait lourdement, et que sa jambe semblait faire particulièrement souffrir. Je n’étais pas docteur, même pas infirmier, toutes mes compétences en matière de médecine se limitaient à un brevet de secourisme. Mais par contre, pendant toutes ces années passées à sillonner le globe, j’avais appris à reconnaître la souffrance et quelquefois même à la soulager. L’office se déroulait classiquement, comme une messe en latin d’il y a quelques années, mais je remarquais qu’à chaque fois que le gamin devait s’asseoir et se relever, il souffrait le martyre. Enfin, j’entendis les ...

... mots magiques dont j’avais si souvent rêvé lorsque j’étais enfant de chœur. — Ite, missa est. Le gamin fut, comme on pouvait s’y attendre, parmi les derniers à se relever. J’appelai discrètement le prêtre. — Que lui est-il arrivé ? Il semble avoir très mal…— Lui ? Il a été mordu par un chien du seigneur lors d’une chasse. Que voulez-vous, on n’y peut rien.— Ça vous embêterait de l’appeler ? J’aimerais jeter un coup d’œil sur sa blessure… Il haussa les épaules. — Si vous voulez… Le gamin n’avait pas dix ans, et tremblait de tous ses membres. Même pas la peine de prendre une quelconque température, il était brûlant de fièvre et tenait à peine sur ses jambes. L’abbé était toujours à côté de moi pour faire l’interprète. Il lui demanda de s’asseoir et de me montrer sa blessure. Ce n’était pas une morsure, c’était un cauchemar… La plaie s’était infectée, des morceaux de chair s’étaient nécrosés et l’infection avait de toute évidence envahi tout son corps, comme en témoignait sa fièvre. Au-delà de sa souffrance, le pauvre gamin n’en avait plus pour très longtemps à vivre. Mon sang ne fit qu’un tour. — Vous allez lui traduire tout ce que je vais vous dire. Je vais essayer de le soigner. Déjà je farfouillai dans ma valise, et j’en sortis le kit de survie qui était à l’origine destiné à l’équipe de mon frère. — Dites-lui que ça va le piquer un peu, et qu’ensuite il ne sentira plus rien. C’est normal. Sans comprendre ce qui se passait, le prêtre traduisait au fur et à mesure que j’opérais. ...