Chasseresse - Histoires de Sexe

Chasseresse

... phrase venait de changer : « Jérémie Le Korrigan sera dévoré vivant dans 2 heures 34 minutes ». Il sursauta, croyant se trouver dans un cauchemar. Puis défilèrent des caractères illisibles, semblant respecter une syntaxe précise, mais issue d’une langue inconnue. Ou alors, si c’était vrai, aurait-elle sournoisement piraté le système d’information du train afin de lui faire une mauvaise blague ? — Non, vous ne rêvez pas. Et ce n’est pas tout : vous êtes un homme aux abois, intérieurement ravagé, car vous avez commis, voici douze ans, une action absolument abjecte : le viol d’une jeune fille de vingt ans. Une tournante, c’est-à-dire que vous avez sexuellement abusé d’elle en groupe, avec cinq de vos amis. Vos anciens amis, vous savez, dont la plupart sont aujourd’hui morts ou en prison. Vous vous souvenez de tout cela, n’est-ce pas ? Le regard de Jérémie se baissa. Il avait honte de ce qu’il avait fait. Il aurait tout donné pour pouvoir oublier, mais ce souvenir le hantait sans répit. — Cette nuit-là, reprit-elle, vous avez fracassé la vie de cette fille, et la vôtre aussi, par la même occasion. Souvent, au cours de vos d’insomnie, quand vous regardez fixement votre plafond durant des heures et des heures en attendant que vienne un sommeil hypothétique, alors que les cris d’effroi de l’innocente résonnent sans fin dans votre crâne bouillonnant, vous vous promettez d’aller au matin vous dénoncer à la police afin de vous libérer de ce fardeau de culpabilité qui vous écrase. Ou ...

... bien, selon les nuits, d’aller voir un médecin pour lui avouer que vos pulsions ont pris le pouvoir sur votre esprit et que vous en êtes devenu l’esclave. Ou bien encore, vous jeter sous un train afin d’être accueilli par le gouffre de l’enfer. Mais, quand le soleil se lève enfin, vous n’en faites rien, et vous savez pourquoi ? Parce que vous êtes un lâche et ne parvenez pas à assumer votre responsabilité au grand jour, devant la justice. Moi, je vous propose de vous libérer de votre passé, et ce avant que le jour se lève à nouveau. Il vous suffit d’accepter de mourir dans mes bras. C’est tout simple, et devrait vous convenir, puisque vous êtes un obsédé sexuel. Mais moi, par contre, je ne suis pas là pour abuser de vous : vous choisissez votre destin, je ne vous force à rien. Tenez, je vais vous dire : si vous me considérez comme une pute qui se paie en nature, en prenant la vie de ses clients, cela ne me vexera pas. D’ailleurs, cela ne vous changera pas beaucoup : vous avez l’habitude de voir toutes les femmes que vous croisez comme des putains. Je suis juste un peu plus chère que les autres.— Qu’est-elle devenue ? demanda-t-il, si troublé par une telle justesse dans la description de ses sentiments qu’il fut pris de tremblements impossibles à maîtriser ?— Vous voulez parler d’Aurélie, celle que vous avez violée ? Elle est toujours vivante, mais elle malheureuse et pleure chaque jour à cause de ce que vous lui avez fait. Et ce n’est pas tout : il y a une autre femme que vous ...