1. Uchronie soit qui mal y pense ou l'effondrement de l'humanité [SF] (3)


    Datte: 10/12/2019, Catégories: Divers,

    ... poste de télévision, histoire de s’occuper un peu. Il résista sept minutes et treize secondes avant de l’éteindre. Le journal télévisé abordait des sujets ne nécessitant pas une longue quête d’informations et encore moins de les recouper. Joris put y découvrir le visage de Hubert Marchand – un nom semblait-il prédestiné – président de l’Association Autonome des Travailleurs du Sexe. Il dénonçait la concurrence déloyale des androïdes en la matière. Cette industrie était en plein essor. ─ Ces robots n’ont pas besoin de prendre de repos, ne sont affectés par aucune maladie, ne refusent aucune perversion… tout ceci entraînera la disparition du plus vieux métier du monde. Mais ce ne sont pas ces créatures qui pourront apporter aux clients le contact, la chaleur humaine, martela-t-il au micro du reporter. Dépité que l’on ne s’intéresse qu’à l’accouplement avec des créatures assemblées de toutes pièces alors qu’une menace d’origine extraterrestre était balayée du revers de la main par les autorités incrédules, Joris coupa le téléviseur. Devant le spectacle de la stupidité de ses congénères, il en vint à se demander si finalement cette invasion n’était pas une bénédiction qui débarrasserait la planète de ses semblables, ces êtres capables de scier la branche sur laquelle ils étaient confortablement installés. Il se félicita d’avoir toujours refusé d’engendrer une progéniture qui pourrait porter les premiers stigmates de la dégénérescence de l’humanité. Ou, dans le meilleur des cas, ...
    ... n’être que des lueurs d’intelligence que la noirceur d’un océan de crétinerie finirait par engloutir. Quand il fut évident que la créature se dirigeait toujours en direction du Nord et que l’on perdit sa trace près de la frontière, Joris devint de moins en moins intéressant ; son incarcération déguisée devenait inutile. L’hôpital reçut le feu vert pour le laisser enfin sortir. Il fut soulagé de retrouver ses pénates, de pouvoir se balader dans la montagne. Il se doutait cependant que le moindre randonneur ou cueilleur de champignons pouvait être, devait être considéré comme suspect. Des micros avaient eu le temps d’être installés dans sa maison en son absence, il en aurait mis sa main au feu. Il les chercherait un autre moment ; il n’avait plus rien à cacher pour l’instant. Il jugea toutefois que sa mise à l’écart avait un côté positif : aucun journaliste n’était venu le tarauder avec des questions ineptes, et il espéra qu’il en serait de même maintenant qu’il était sorti. Il s’installa devant son ordinateur. Il fallait bien qu’il prévienne le directeur du labo et s’excuse par la même occasion de son absence. Alors qu’il allait lancer Skyenger, le programme de connexion visuelle, il jeta un coup d’œil sur sa boîte mail ; un message de son boss l’attendait : Salut Joris, Je m’inquiétais de ton absence. Merci d’avoir pensé à me faire prévenir malgré tes problèmes de santé. La secrétaire du CHU m’a fait parvenir l’attestation d’hospitalisation ; j’espère que tu te remettras vite. ...
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