1. Les boucles d'oreilles


    Datte: 25/12/2019, Catégories: fh, Collègues / Travail magasin, cérébral, revede, nopéné, fantastiqu, fantastiq,

    — C’est vraiment sympa de m’accompagner ! Tu sais que, si j’ai décidé de me percer les oreilles, c’est à cause de toi ? Tout en s’adressant à Julien, un petit sourire en coin, Maude pénétra dans la bijouterie. Fort heureusement, la galerie commerciale n’était pas très éloignée du boulot, il était donc possible d’y faire un saut rapide le midi à l’heure du déjeuner. Maude était une grande et mince jeune femme aux yeux noisette et aux cheveux châtains coupés en carré plongeant – une coupe que Julien affectionnait particulièrement. Elle n’était pas spécialement coquette : les rouges à lèvres, les petits hauts, les frous-frous, les chichis, très peu pour elle, merci bien ! C’est précisément pour cela que Julien était assez content (et en même temps un peu surpris) d’avoir réussi à la convaincre de s’offrir une belle paire de boucles d’oreilles. Mais ce que Julien admirait beaucoup chez Maude, c’était son caractère de femme épanouie, qui parvenait sans failles à mener sa vie malgré les doutes et les difficultés. Il ne lui manquait en réalité rien qu’une petite touche d’élégance. Les boucles d’oreilles scintillaient aux oreilles de Maude, sous la lumière des spots. Elle regardait Julien avec un petit sourire, heureuse d’avoir – finalement ? – franchi le pas. Elle dit quelque chose, mais Julien ne l’entendit pas. Il se passait quelque chose de curieux : il voyait bien ses lèvres remuer, mais bizarrement, aucun son ne semblait plus en sortir, ce qui était (il faut bien le dire) ...
    ... assez inhabituel de la part de Maude. Julien se sentait bien, détendu. Puis, tout doucement, très progressivement, l’environnement changea, devint comme…vaporeux. L’univers semblait se contracter, se resserrer. Les lumières de la boutique, la musique de la galerie, le bruit des conversations, les gens, tout sembla se rétrécir, comme au ralenti, jusqu’à devenir tout petit, jusqu’à disparaître totalement. Il ne resta bientôt plus en face de Julien que Maude, son visage rayonnant avec une netteté surnaturelle. Julien pouvait contempler son visage, s’attarder sur ses formes, ses courbes. Détailler l’arrondi de ses lèvres, plonger dans ses yeux brillants et rieurs. Imaginer la douceur de sa peau, respirer son parfum. Quelque chose d’incroyable allait bientôt se produire, quelque chose que Julien avait en réalité fantasmé des dizaines, des centaines de fois même peut-être, allait enfin arriver et cette perspective lui procurait une excitation croissante, une espèce de fourmillement dans la poitrine qui se déroulait doucement jusqu’au bout de ses membres et que le rythme de son cœur commençait à laisser transparaître. Est-ce que ceci était bien en train de se produire ? L’univers continuant de se contracter, Julien était maintenant tout proche, son regard oscillant entre les yeux de Maude, mi-amusée mi-curieuse et sa bouche, fine et souriante. Le temps semblant s’être également ralenti, elle ne parlait plus, ses lèvres entrouvertes figées au beau milieu d’une phrase. Malgré toutes les ...
«123»