1. Le temps du baiser


    Datte: 22/09/2017, Catégories: ff, jeunes, couleurs, école, amour, Voyeur / Exhib / Nudisme init, exercice, journal, mélo,

    ... Et c’est moi qui trinque, comme d’hab ! Elle me fait penser à un oiseau qui se jette à répétition contre la fenêtre pour sortir d’une maison… un oiseau prisonnier qui voudrait gagner le ciel et qui ne cesse de s’assommer obstinément contre l’obstacle invisible de la vitre.« Ma Cassandre fêlée, comment recoller tes morceaux ? Comment vivre notre amour impossible ? Et comment vivre sans lui ? Impossible ! » J’ai cuisiné des pâtes. Nous nous sommes forcées à les manger, silencieuses dans la cuisine. Réviser encore ? Pas dans notre état. Nous sommes KO… Et si loin l’une de l’autre, oui, si loin. Autant aller se coucher. Elle s’est réfugiée, sans un mot, dans ma chambre. Elle a fermé la porte à clef. Cinglée, je vous dis ! Moi, j’ai pris une douche. Je me suis regardée dans le miroir : je n’ai pas bonne mine. J’ai été sacrément secouée. Finalement je me suis allongée dans le lit paternel, j’ai placé les écouteurs sur mes oreilles et j’ai savouré le Requiem de Mozart. Ça me semblait de circonstance, même si ce n’était pas fait pour me remonter le moral… Mais j’adore tellement les chœurs. J’ai pensé que, demain matin, peut-être, l’oiseau se serait envolé pour de bon. Ou bien que, la nuit portant conseil, il serait redevenu raisonnable, et aurait compris… Demain, pas de lycée. Jour férié. À 22 heures 30, le téléphone a sonné. Peut-être papa ? Il est à Paris pour une rencontre avec des collègues de l’état-major… Non, ce n’est pas lui. C’est une voix d’homme que je ne connais pas. — ...
    ... Allo ! Vous êtes Axel, sans doute ?— Oui, c’est bien moi.— Je suis le père de Cassandre –le salop ! – Je vous prie de m’excuser de téléphoner si tard. Pourrais-je parler à ma fille, s’il vous plaît ?— Bien sûr ! Je vais la chercher. Nous venions de nous coucher.— Déjà ? s’étonne-t-il.— Nous étions un peu fatiguées. Les révisions n’avançaient plus… On se lèvera plus tôt demain.— Ah ? Très bien. Dubitatif, le père, ou simplement surpris ? Je frappe à la porte : — Cassandre, c’est ton père au téléphone, il veut te parler. Je l’entends bougonner dans la chambre. Des petits pas de souris sur le parquet. Elle sort. Son visage est encore plus défait que tout à l’heure, sans doute à coups de larmes. Je la laisse seule au salon et je retourne me coucher. Deux ou trois minutes plus tard, j’entends de nouveau les petits pas de souris dans le couloir… Je perçois leur hésitation, devant ma porte. Quelques instants de réflexion. Je l’imagine qui se triture encore les doigts, se mordille la langue –j’ai remarqué ça aussi, quand elle s’énerve – Finalement, deux coups, à peine audibles, résonnent timidement dans la chambre : — Entre ! Elle se tient sur le seuil dans l’encadrement de la porte mais ne s’avance pas dans la pièce. Distance de sécurité ? Je ne perds pas au change. Elle ne doit pas avoir conscience que le contrejour dessine avec une précision démoniaque sa silhouette sous la fine batiste de sa chemise de nuit blanche (la chemise, pas la nuit !). Mon sang fait mille cabrioles et ...
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