Une journée merdique - Histoires de Sexe

Une journée merdique

... plus d’intérêt vu que le forfait est consommé.— Comment t’appelles-tu ? demande l’homme sans plus se soucier de mon air chagriné que de mon tee-shirt dont il se débarrasse sur un fauteuil avant de ranger son bataclan.— Annie que je lui réponds respectueusement.— Tu es douée, grogne-t-il seulement.— …— Je te laisse mes coordonnées, viens me voir demain à mon bureau, poursuit-il pressé, manifestement plus soucieux de l’heure que de ma réponse et déposant sa carte sur la table basse. Tiens… tu achèteras ce que tu voudras, ajoute-t-il en alignant cinq grosses coupures de dix mille francs CFA. Ça c’est le bouquet, il me prend pour une pute mais étrangement la méprise m’amuse. Je ne le détrompe pas. ooo000ooo Je lis machinalement la carte qu’il m’a laissée : «Lawali Dan Azoumi, PDG SONICO (Société Nigérienne de Construction) » et regarde bêtement les billets en désordre sur la table basse. Je suis courbaturée et encore un peu hébétée, l’intermède a été si soudain, si rapide, si violent. S’il n’était mon sexe qui en garde un souvenir cuisant et mes seins à l’air faute de rechange, je pourrais imaginer avoir rêvé. Maintenant je sens poindre la culpabilité envers Aïcha, envers la terre entière. Je m’en veux de mon inconséquence et pourtant je n’ai aucun regret. Ce serait à refaire, je pense que je referais tout pareil. ooo000ooo — Tu as de beaux seins, plutôt petits mais bien plantés, me complimente Mintou. Elle apporte la bouffe. On est entre filles, je ne vais pas jouer les ...

... mères-la-pudeur. — J’ai préparé du «tuwo** », propose-t-elle en déposant ses gamelles sur le sol.— Pourquoi pas ? J’ai une faim du diable, je pourrais manger un curé frotté à l’ail. Je me doute que l’expression lui passe par-dessus la tête mais je n’ai pas résisté. Qui est Mintou ? C’est la voisine d’Aïcha et en même temps c’est plus que ça, une amie, une compagne, une confidente, une sœur et une servante aussi… difficile d’expliquer en deux mots. Il faut connaître l’Afrique pour comprendre la comédie des uns et des autres, des riches et des pauvres, des mâles et des femelles, des jeunes et des vieux… Moi, je la connais bien (Mintou, je veux dire, pas la comédie ni l’Afrique) ainsi que ses deux jeunes enfants lesquels sont planqués derrière le pagne de leur mère et pointent subrepticement leurs frimousses réjouies. — Tu as fait l’amour avec Lawali, accuse Mintou sans s’embarrasser d’un préambule et désignant pour m’accabler les billets éparpillés sur la table.— Euh… hésité-je essayant de me garder quelque peu estomaquée par ce rentre-dedans inhabituel.— Ne nie pas, tout le quartier peut témoigner, ricane-t-elle. On est dans une habitation en pisé au cœur de la vieille ville. C’est vous dire la densité de la population dans le secteur. — Tu crois qu’Aïcha va m’en vouloir ? osé-je, me résignant à avouer mon forfait en désespoir de cause.— À ton avis ? Et toi, qu’est-ce que tu dirais si Aïcha faisait l’amour avec ton père ?— Parce que Lawali… c’est son père… martelé-je abasourdie et ...