1. La petite fleur épineuse


    Datte: 15/03/2020, Catégories: ff, fbi, inconnu, sport, forêt, campagne, massage, Oral init,

    ... examina attentivement la blessure qu’elle s’était faite à la main un peu plus tôt dans la journée. Une épine de rosier lui avait en effet laissé une vilaine trace encore quelque peu sanguinolente. Mais Alicia ne se sentait pas maladroite pour autant : le plus important pour elle était de ne pas avoir malmené et abîmé cette fleur qui, même recouverte d’épines, n’en était pas moins fragile et délicate. À cette pensée elle sourit spontanément ; après tout, n’était-ce pas une espèce de blessure de guerre, comme une décoration bien visible, que l’on porte et dont on peut se vanter ? Ce soir-là, alors qu’elle s’était juré de ne pas le faire, Alicia regarda une fois encore le papier sur lequel figurait cet étrange message que lui avait laissé la jeune fille avant de disparaître. Elle comprit alors qu’une fois le repas terminé elle devrait aller se changer les idées à l’extérieur et ne pas succomber à la tentation de s’enfermer dans la mélancolie pour le restant de la soirée. Elle irait marcher, se dégourdir les jambes dans son petit village de campagne dont elle connaissait trop bien les rues et les sentiers. Et dans ce catalogue de promenades idéales en fin de journée pour s’oxygéner et se rafraîchir, elle savait exactement où aller pour flâner tranquillement. Aussitôt son plan limpide dans l’esprit, elle enfila sa tenue spéciale pour les bols d’air, sauta dans sa voiture et parcourut les quelques kilomètres qui la séparaient de son havre de paix. Quand elle arriva sur place, ...
    ... elle ne fut pas le moins du monde surprise de voir qu’elle n’était pas seule à avoir eu cette idée. Il y avait au moins une quinzaine de personnes rien qu’à l’entrée du sentier. Les gens garaient leur véhicule puis, par groupe d’amis, en couples ou seuls, se promenaient en bavardant de tout et de rien ; certains avaient même décidé de courir. Alicia, de son côté, voulait simplement marcher et ne plus penser à rien, juste se vider la tête du labeur de la journée. Elle se plaça donc légèrement en retrait du groupe qui s’était formé et commença à cheminer derrière ces gens qu’elle ne connaissait pas. À mesure que le sentier faisait redécouvrir à Alicia l’odeur enivrante du pétrichor qui parfume le vent des soirs d’été, elle avait l’impression d’être enfin en paix, loin de ses préoccupations, de sa routine, loin de toute réalité oppressante. Elle se sentait légère, libre, elle-même. Soudain, des bruits de pas précipités et un soupir exaspéré vinrent la perturber dans ses flâneries. — C’est pas vrai ! Ils sont obligés de se foutre en plein milieu du chemin ceux-là ?! Alicia se retourna. C’était bien une voix de femme. Une femme en sueur qui avait apparemment dû ralentir la cadence de sa course. C’était bien à cause des autres flâneurs qui, tels un troupeau en pleine transhumance, bouchaient le passage et forçaient les joggeurs à piétiner l’accotement pour contourner l’obstacle. Alicia considéra un instant la joggeuse : une femme aux longs cheveux noirs, visiblement proche de la ...
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