1. Les Ombres de la nuit


    Datte: 25/03/2020, Catégories: nonéro, humour, sf,

    Depuis trois jours déjà je m’éclate au boulotDéchargeant en chantant mes caisses et mes cageotsJe suis fier d’être utile à notre économieEt heureux quand je vois le patron qui sourit « Mais c’est nul… Carrément, c’est de la merde ! C’est… dramatique. » Je sais, les mecs… ___________________________ On est tous les trois assis à la terrasse du troquet, Bob, Henri et moi. Et on est complètement atterré… Ça fait trois jours qu’on se lève heureux d’aller au taf, tous les trois. Une sorte de délire collectif, de folie vicieuse qui s’est emparée de nous. Pas que de nous, d’ailleurs… Même Momo, qui a toujours voué la même haine que nous au travail, s’est mis à décharger les camions en prenant les caisses trois par trois. Et l’autre soir, on a vu rappliquer Marco qui avait pris sa retraite il y a dix ans pour supplier le boss de lui filer un petit mi-temps. Marco, le plus fier d’entre nous, le plus grand, qui a décidé de sacrifier ses poésies du matin pour décharger en sifflotant ces putains de caisses de patates et de salades… Y a malaise, que j’dis… Et puis ça dure comme ça toute la journée, jusqu’à passé 18 heures, voire un peu plus… Et on va jusqu’au bout, au-delà des horaires prévus, tout en sachant bien que les heures sup’ seront pas payées. Et quand l’autre soir le contremaître nous a lancé, comme ça, que la boîte allait être dans l’obligation de réduire les salaires, c’est Val, la déléguée syndicale qui a répondu en se poilant « T’en fais donc pas pour ça… » Et on a tous ...
    ... rigolé en chœur… Après, vers les 20 heures, on a comme la gueule de bois… On se rend compte qu’il y a forcément quelque chose qui cloche. On est en rogne, conscient qu’on s’est fait enfler… Et puis le lendemain, le réveil sonne, et on saute du pieu tout guilleret, heureux de retourner au bagne. Pas normal tout ça, que j’dis… — J’ai lu un truc l’autre soir, dit Bob. Ça parlait de la manière dont on pouvait manipuler les gens avec des ondes électromagnétiques.— N’importe quoi ! répond Henri ; c’est de la SF ton truc…— Non, c’est sérieux. J’ai vu ça sur Internet… C’est des expériences faites par les services secrets.— Tu crois pas qu’ils ont autre chose à foutre que d’encourager les gars à décharger les camions ?— C’est des expériences, que je te dis… DES EXPÉRIENCES ! Et je suis sûr qu’ils se servent de nous comme cow-boys.— Comme cobayes, que je corrige.— Ouais, si tu veux… En fait, dans l’article, ils expliquaient qu’on peut donner aux gens la sensation qu’ils sont heureux, et même de les forcer à aimer ce qu’ils aiment pas.— Tu veux dire qu’ils pourraient nous forcer à aimer le gouvernement ? Arrête tes conneries…— Ben, si t’as mieux comme théorie, explique-moi comment c’est possible qu’à 5 heures du matin on se lève heureux d’aller au bagne, même avec la gueule de bois…— C’est peut-être la bière de Molly qui est frelatée… Des fois, je lui trouve comme un goût…— Ouais, ce serait possible, sauf que Marco boit plus depuis 5 ans, et que Val se torche qu’au whisky. Alors, tu ...
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