En pleins et en déliés
Datte: 30/09/2017,
Catégories:
fh,
cérébral,
Voyeur / Exhib / Nudisme
Quand, pour achever ma formation, Jimmy m’avait annoncé en souriant que « Pour être un bon tatoueur, il fallait avoir des nerfs d’acier en toutes circonstances », je n’avais pas réellement pris la mesure de ce à quoi il faisait allusion. Évidemment, notre responsabilité est grande : des inconnus nous confient leur peau pour la marquer à vie ! Ce n’est pas rien. Et même s’il est souvent possible de recouvrir un motif par un autre, nous n’avons pas droit à l’erreur. Mais tout ceci, je le savais depuis longtemps et mon mentor, mon maître, me l’avait rabâché à longueur de journée durant les deux années au cours desquelles j’avais eu la chance de suivre son apprentissage. La meilleure école qui soit. Il ne me fallut pourtant pas plus d’une semaine à mon compte pour avoir l’occasion de comprendre toute la portée de cette dernière recommandation. Et des nerfs d’acier, en effet, il fallait en avoir ! De même qu’une bonne dose de self-control et, dans l’idéal, un caleçon en Kevlar ! ********** J’avais déjà un carnet de rendez-vous correctement rempli. Des copains, pour la plupart, des clients envoyés par Jimmy aussi, plus quelques curieux venus tester mes capacités avec quelques motifs ridiculement petits et communs. L’un dans l’autre, je tenais pourtant le« business plan ». Eh oui, untattoo shop est un commerce comme un autre, avec ses investissements, ses crédits, ses dépenses, ses recettes et donc, sonbusiness plan, d’autant plus indispensable que les banquiers sont rarement ...
... enthousiastes en voyant un mec percé de toute part, tatoué jusqu’au bout des doigts, venir leur demander un financement. Car même si la mode du tatouage en France ne fait qu’amplifier, les préjugés n’en sont pas moins omniprésents et il est toujours difficile pour un gars en costard cravate d’imaginer que je puisse avoir obtenu un master de marketing et que j’en sache sans doute plus que lui sur les façons de tenir une entreprise à flots. Mais qu’importe, j’en avais trouvé un qui acceptait de me faire confiance et désormais, je pouvais vivre de ma passion. Rien n’était plus important à mes yeux. Ce matin-là, j’étais occupé à peaufiner le motif de mon client du lendemain quand la sonnerie automatique de la porte m’extirpa de ma concentration et me fit redresser les yeux. Une apparition. Comme un ange qui se serait posé devant moi. Une beauté comme on n’en voit qu’au cinéma ou dans les rêves. D’un mouvement rapide de la tête, elle dégagea son visage des quelques mèches de cheveux blonds que le vent avait désorganisées, dévoilant ses grands yeux d’un bleu très clair qui me dévisageaient. Elle souriait en s’avançant vers moi pour me tendre la main. — Bonjour. J’aimerais me faire tatouer… J’aurais aimé être capable de lui répondre par une plaisanterie, lui dire par exemple que « pour une permanente ou un kilo de rumsteck, elle n’avait de toute façon pas poussé la bonne porte ». Ou encore, faire preuve de spiritualité en lui répondant que, comme Basil Hallward avec Dorian Grey, j’avais ...