1. Don du Ciel


    Datte: 19/05/2020, Catégories: Première fois

    ... faire la conversation, se contentant de gratter son instrument et de chanter. Lui ayant demandé quelques renseignements sur son village, j'avais calculé que nous devrions y arriver environ vers le repas du soir, ce qui me laissait amplement le temps d'atteindre ma propre destination avant la nuit. Il en fut pourtant tout autre. Au milieu de l'après-midi le bleu du ciel s'était voilé et, ce qui avait d'abord été une douce pluie, s'était vite transformé en un orage violent. Les routes en ce temps là n'étant pas ce qu'elles sont aujourd'hui, alors à peine un chemin de terre, je du m'arrêter à plusieurs reprises pour pousser le véhicule, dont les roues s'était embourbées, pendant que ma compagne de route prenait le volant. Non seulement nous prîmes énormément de retard sur l'horaire prévu mais la route étant devenu impraticable, nous dûmes à un certain point nous résigner à nous arrêter. Je me souviens, comme si c'était hier, non seulement de mon malaise à devoir passer la nuit dans l'étroit véhicule chargé de tous mes avoirs mais, en plus, de devoir la passer en compagnie d'une jeune femme. Cela m'apparu tout à fait inconvenant toutefois la situation de me laissait guère le choix. " Viens. Je connais refuge. " Sa voix me tira brusquement de mes réflexions. Je fus surpris qu'elle puisse se repérer dans ses conditions, la nuit était tombé et le rideau de pluie était si dense que nous pouvions à peine voir à deux mètres devant, de plus j'hésitai à quitter l'abri sec et étanche du ...
    ... véhicule. " Viens, je te dit. Trop froid ici la nuit, nous pouvoir faire feu là-bas, tout près. " Je me rendis compte que je frissonnai déjà, mes habits ayant été trempés lors de mes efforts pour nous sortir des bourbiers où le véhicule s'était enlisé à plusieurs reprises. Bien sûr, j'avais des vêtements secs dans ma valise mais je m'imaginais mal me changer sous le regard curieux de la jeune femme qui était ma compagne d'infortune. À regret, ne sachant si je prenais la bonne décision, je me décidai pourtant à la suivre, abandonnant l'idée d'emporter des vêtements de rechange qui de toute façon auraient été trempés en l'espace de quelques secondes. Si elle disait vrai, admettant que ses repères géographiques soient justes, je pourrais de toute façon me sécher en me réchauffant près du feu d'ici peu. Je m'aventurai donc derrière elle dans le déluge qui se déversait, apparemment intarissable. Elle me conduisit par la main, fermement, et je me laissai entraîner ainsi, réalisant que sans ce contact j'aurais eu tôt fait de la perdre de vue. Même dans ces conditions pourtant, ce contact me troublais, alors que j'aurais du ne penser qu'à mettre un pied devant l'autre sans m'empêtrer dans un obstacle ou glisser sur le sol détrempé, mon attention dérivait sans cesse vers la sensation de sa main si chaude, si menue, dans la mienne. J'étais tout près de lui demander de rebrousser chemin lorsque enfin mes pieds rencontrèrent une surface qui n'était pas glissante. Je m'aperçu, non sans ...
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