1. L'augure


    Datte: 07/06/2020, Catégories: fh, copains, grosseins, caférestau, fête, toilettes, vengeance, dispute, Oral init, portrait,

    ... tant soit peu longuement et tendrement, on avoue tout. Si on le fait à la va-vite ou si on se lève pour partir, on avoue le contraire. Mais en l’occurrence, la vérité importe peu. Ce que veut Charlène c’est nous coincer, elle y a réussi. Chapeau bas. À la sauvette, car je ne veux pas risquer de trahir quelque relent de complicité, je croise le regard sombre de Sophie. Elle a tout compris elle aussi. Qu’est-ce que je vais faire ? Je pense surtout à elle : comment nous tirer de ce guêpier ? — Bien, je suppose que si je vais aux toilettes pour retirer mon slip et revenir circuler à poil sous mon jean, ça vous laisse froides ?— Totalement ! Remarque bien, ça pourrait marcher, par exemple un lendemain de fête, avec le torse nu et les cheveux ébouriffés. Mais ici, à froid, non.— Plaisanter sur le cul et manipuler des propos ambigus, tu fais ça toute la journée. Et puis on n’est plus il y a 50 ans ! Je pense que ça n’émeut plus personne autour de cette table…— Pareil, tout dépend des circonstances. Ici, maintenant, avec toi, c’est zéro.— J’imagine, oui. Et pour le même motif, je ne peux pas prendre la main de Pauline et lui débiter les salades qu’il faut servir à une femme pour la rendre disponible et accueillante.— Fais gaffe, tu aggraves ton cas ! Je me redresse et réfléchis à ce que je viens de dire. — On se mord la lèvre inférieure pendant qu’on cogite ? On fait son Anastasia Steele ? J’ignore superbement cette lâche tentative de déstabilisation. Voyons… Leur parler, capter ...
    ... leur attention en leur disant des choses qui les intéressent… Ce qui se passe en ce moment, voyez-vous, c’est que je me retrouve projeté dans mon enfance et mon adolescence. Je viens de me rappeler ce qui distrayait tant ma mère et ses copines, pour ne pas parler d’autres bonnes femmes qui se passionnaient pour la chose et payaient parfois pour ça… Mais vais-je savoir le faire ? Oui, je pense que je me souviens de l’essentiel. Je demande une pause à l’ennemi, me lève, vais au bar et reviens. — Pauline, assieds-toi là ! Un peu perplexe, elle se pose juste où j’ai dit. Devant elle, je déroule un tapis vert sur la table et dessus, je place un jeu de 32 cartes. — Bats-les pour les remuer… Méfiante, elle m’observe par en dessous en mélangeant mollement les cartes. — On va jouer à quoi ?— On va pas jouer ! Donc elle n’a pas encore compris. — Non, mélange-les bien ! Attends ! Je lui étale complètement les cartes sur le tapis. — Vas-y, mélange… Voilà, rassemble-les, bats-les encore un coup. C’est bien, ça suffira. À présent, coupe. Je m’empare de sa coupe, c’est un 10 de pique. — Ah, des soucis ! Bon on se fait un petit tour de piste pour avoir une idée générale ? Et là, d’un geste, je lui étale le jeu en ligne devant elle. — Tu en choisis sept. Non, ne me les donne pas, aligne-les devant toi. Je retourne la cinquième puis méthodiquement, en comptant chaque fois-cinq cartes, je les retourne jusqu’à la dernière. — T’as une vie agitée dis donc ! Des gens… des discussions… des démarches. ...
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