L'augure - Histoires de Sexe

L'augure

... pilule. Enceinte d’un homme marié, mûr, bien mûr même ; sans doute un proche de ses parents… Il va y avoir une décision à prendre… Mais que de complications en perspective ! La pauvre ! Non, les pauvres ! Parce que son vieux beau ne doit pas être bien fier… — Tu médites ? Ne t’inquiète pas trop ! Elles viennent d’apprendre que la défaite peut surgir de là, justement, où l’on se croit intouchable. Ce n’est pas un mauvais service que tu leur as rendu. Quant à leurs déboires personnels, ce n’est pas ton affaire. Ce qui est bizarre, c’est que tu aies spontanément choisi Pauline. Enfin… n’en parlons plus. Explique-moi plutôt.— Non, je ne le dirai pas, même à toi.— Je sais. Je ne parle pas de Pauline, je parle des cartes. Où est-ce que tu as appris ?— Avec ma mère et ses copines. J’étais fils unique, quand je n’allais pas à l’école, ma mère m’emmenait partout avec elle. La cartomancie a fait partie intégrante du monde de mon enfance.— Comment ça marche ?— Je ne sais pas trop… Une espèce d’intuition. Tu vois, chaque carte a une valeur propre, mais ce n’est pas si simple. Elle acquiert surtout une valeur en regard des autres. Ce qui crée un langage intelligible, ou interprétable comme tu veux, c’est la capacité de faire une synthèse.— Tu y crois ?— Oui et non. J’ai toutes les options ouvertes, je n’ai pas de certitudes.— La sagesse même…— Certes, mais tu te rends compte de l’énorme responsabilité par rapport à ce qu’on raconte aux gens ? Tu as vu les conséquences ? Soudain, Rachel ...

... réapparaît : — J’ai vu que vous étiez encore là et je me demandais…— Oui Rachel ?— Dis, tu nous ferais les cartes à Léonie et à moi ?— Tu rigoles ?— Je te jure qu’on ne te giflera pas !— …— On te paie si tu veux !— Ce sera cher !— Enfin, pas trop quand même, on n’a pas beaucoup de sous. Combien tu nous prendrais ?— Tu rigoles ? Je veux pas de votre argent ! Pour vous, ce sera paiement en nature ! Dans mon idée, c’est rien qu’une blague ! Un de ces trucs qu’on dit aux filles qui savent très bien qu’on sait qu’elles savent, comme on sait aussi qu’elles vont répondre « OK, je t’apporte du chocolat ! » Mais Rachel a juste un petit hoquet de surprise. Elle toise un instant Sophie et me lance, ses petits yeux myopes tout rieurs derrière les verres épais : — Rien que ça ! Ouais, on pouvait s’y attendre ! Pour Léonie je peux pas dire, mais pour moi, eh bien… faut voir. Disons que c’est envisageable. On vient quand ? J’en suis resté bouche bée. Une fois Rachel partie avec son rendez-vous, Sophie a hoché la tête avec un petit sourire contrit : — Pour qui tu prends les femmes Albert ? L’audace, l’aplomb, le risque, ça nous connaît tu sais, même si ce n’est pas pour faire des conneries à moto ! Abaisse tes défenses, laisse-nous rentrer dans ta sphère et tu verras, on n’a pas fini de te surprendre. Au bout du compte on a eu du mal à se quitter mais à la fin, Sophie s’est levée pour partir. — Allons, les meilleures choses ont une fin.— Toujours aucune chance avec toi ?— Aucune ! Surtout ...