Un maire chaud lapin - Histoires de Sexe

Un maire chaud lapin

... et débarquant du camion. Dans la soixantaine, bedonnant, trapu, chauve sur le dessus de la tête, mais sur les côtés ça allait, manteau d’armée sur le dos. Drôle de curé. Il regarda méchamment mon camion en descendant prudemment les cinq marches du perron. Pourquoi ? — Curé Demers, se présenta-t-il une fois devant moi en me tendant une main poilue que je serrai.— Paul Tremblay, desChasseurs d’entités. « Pas de sourcils qui se touchent », pensai-je. « Mais ça ne veut rien dire. » — Vous avez frappé un… commença-t-il.— Ouais !— Eh, Mme Lemieux n’est pas là ? Il la cherchait des yeux. — Avec le maire.— Hiii ! fit-il vraiment découragé en relevant le col de son manteau à cause du vent. Vous savez c’est…— Je sais ! Je soupirai agacé en posant ma caméra à l’épaule et commençant à le filmer. Il sourit aussitôt… Je l’attaquai en vitesse avec une question piège. — Bon, c’est la bête qui vous a blessé ou un camion comme le mien ?— Hein !— Votre jambe, monsieur le curé, pis vos ecchymoses.— Ah, non ! Là, il rit comme un idiot. Je l’avais coincé, c’est sûr. Je me rendis compte que je commençais à croire au loup-garou, étrange, et que je devenais un bon journaliste. Good ! — Non, ça c’est le pont.— Pardon, le pont vous a frappé ?— Hein ! Non ! (Là il me regarda étrangement) Non, l’été on se jette dans la rivière à l’entrée du pont, mais je ne suis plus jeune et je suis mal tombé.— Ben oui, mais là c’est l’automne, monsieur. Hi ! Hi ! — Ben oui, l’hiver arrive déjà. Le temps passe vite ...

... hein ? Gros soupir. « Bon, un dur à cuire. » — Pis la bête ? On dit que vous l’avez vue ou entendue ? demandai-je sceptique.— Ah oui, entendue, hier soir, un long hurlement lugubre derrière l’église, ça donnait froid dans le dos vous savez. Venez, j’ai quelque chose à vous montrer, j’ai eu une peur bleue ce matin quand j’ai découvert ça, M. Lemieux.— Tremblay, dis-je lui emboîtant le pas.— Ça va passer quand, l’émission ?— Si vous n’êtes pas chanceux, un soir de pleine lune.— Hein ?— Non rien. Votre eau bénite, mon père, est pas trop acide ?— Pardon ?— Quand vous nettoyez vos crucifix en argent, ça boucane-tu vos doigts ?— Eh ! Non, c’est Mme Charnier qui…— Vos steaks vous les aimez saignants ?— Ben…— Vous savez que de manger de la viande de bois crue comme du chevreuil, c’est extrêmement risqué à cause des nombreux parasites qui y pullulent. Loup-garou ou pas, personne n’est à l’abri.— Eh, je…— Courir nu dans les bois à votre âge et à ce temps-ci de l’année, ce n’est pas raisonnable vous savez.— Pardon ?— Ça va, mon père, avancez.— Je vous suis mal, jeune homme.— C’est moi qui vous suis. Je le suivais pis au ralenti et exaspéré encore une fois en grelottant tandis qu’il se traînait avec ses béquilles jusque derrière l’église puis dans le vieux cimetière clôturé à la lisière de la forêt. Typique là aussi, un vrai décor de cinéma. Vieille clôture en fer forgé toute croche, vieilles pierres tombales couvertes de mousse et au centre, il y avait une immense croix de bois peinte elle ...