1. Vénus


    Datte: 26/09/2020, Catégories: f, inconnu, complexe, bizarre, Voyeur / Exhib / Nudisme Masturbation nopéné, fantastiq,

    Vénus… tu parles d’un prénom à la con. Déesse romaine de la beauté et Américaine du tennis, tout le contraire de moi, quoi. Grande perche maigrichonne et noiraude, deux mains gauches et les pieds c’est pas mieux. Je passe chaque matin environ dix secondes devant le miroir, le temps de peigner ma tignasse charbonneuse. Dix secondes maxi, le miroir n’en supporterait pas plus, et pour tout vous dire c’est déjà trop à mon goût. Vous allez me dire que j’en fais des tonnes et qu’à vingt-trois ans il serait temps que j’arrête de faire mon ado. Que j’ai du charme, quelque part, on n’a pas encore trouvé où, mais quelque part j’en ai c’est sûr… Vous me direz, « la preuve, tout le monde te regarde tout le temps ! » Tout le monde me regarde, en effet, dans l’escalier, dans le métro, à l’uni, dans la rue, partout. Les hommes comme les femmes. Absolument tout le monde, partout, tout le temps, et cela depuis toujours. Beaucoup ne se contentent pas de me regarder : on m’aborde, on me propose des verres, des nuits, des alliances, on cherche à me séduire de toutes les manières imaginables, des plus discrètes et subtiles aux plus vulgaires et frontales. Matin, midi et soir, tout le temps, partout. Et chaque soir, je passe encore une dizaine de secondes à me regarder dans le miroir, à essayer de comprendre. De la tête aux pieds, je ne ressemble à rien et tout le monde a envie de moi. Tout ça n’a pas de sens donc je vais me coucher, de toute manière demain ce sera du pareil au même. ********** ...
    ... C’est en zappant sur Instagram que je suis tombée dessus. D’abord je n’ai pas compris ce qui m’arrivait, j’ai eu comme de la peine à respirer et j’ai été prise de bouffées de chaleur. D’une main tremblante j’ai scrollé vers le bas, j’ai trouvé les références… et je l’ai commandée aussitôt, sans y réfléchir, comme si une force extérieure avait pris le contrôle de mon corps. Elle coûte les yeux de la tête plus un bras, mais je m’en fous, il me la faut. Le paquet est posé ouvert devant moi, sur la table de la cuisine. Je saisis la soie dorée du bout des doigts, c’est si léger, si doux, j’ai l’impression qu’elle va se déchirer si je tire un peu fort. Je la sors du carton et la déplie sur la table. Le tissu est si fin que je vois les veines du bois à travers, je n’ai jamais rien vu d’aussi beau. On dirait de l’or pur, tissé puis cousu par je ne sais quelle créature magique… Il faut que je l’essaye. Pour la première fois de ma vie, je suis debout devant mon miroir un samedi après-midi, et je me sens paumée comme jamais. Je sais ce qu’il faut faire, c’est pas la question : ôter mon vieux pull gris, mon vieux jean délavé, mes sous-vêtements et mes chaussettes, et enfiler cette création divine. Non, le truc c’est que ça n’a aucun sens, cette robe est l’exact opposé de ce que je suis. J’ai dépensé une fortune pour l’objet le plus précieux de tous les temps et je n’ai pas le début d’un corps à peu près valable sur lequel le mettre. Moche et conne à la fois, ça frise l’exploit. Tant qu’à ...
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