1. Danielle solo


    Datte: 22/10/2020, Catégories: f, voyage, cérébral, Masturbation jouet, portrait,

    Qui aurait pu dire que Danielle était une fille « sympa » ? Efficace, oui, sans doute. Intelligente ? Oui, je pense, oui, c’est sûr. Aimable ? Hmmm, je ne sais pas trop, en tout cas, elle ne m’a rien fait, ça non, c’est sûr. Jolie ? Ah tiens, c’est vrai, je n’ai jamais fait attention, mais maintenant que vous me le dites, oui elle est, comment dire… ? Oui, elle est plutôt bien. Et elle a un copain ? Non, vous voulez rigoler, avec la tronche qu’elle se paie, enfin, je veux dire, avec la tête qu‘elle fait. Un glaçon. D’ailleurs on l’appellebauknecht, ça vous dit tout. Peut-être une copine ? Oui, bon, peut-être, mais ça m’étonnerait quoique… Toujours en pantalon, enfin, ça veut rien dire, bien sûr, et puis je suis navré (e), j’ai du travail, ciao, quand vous voudrez. Danielle a eu vingt ans, elle en a trente-cinq, elle est célibataire, oui, ce mot qu’on disait du temps du mariage, aujourd’hui ça veut dire qu’elle n’a personne dans sa vie, à part sa maman, ses deux sœurs et un frère très très lointain. Et elle n’a même pas quelqu’un pour l’hygiène sexuelle. Seule, quelques copains pas très proches, quelques sorties avec une association de randonnée, quelques voyages organisés, mais, c’est curieux, dès qu’elle est dans un groupe, elle magnétise les dondons et les vieux célibataires. En vérité, bien plus tôt dans sa vie, ceux quelle aurait voulus ne l’ont pas voulue et elle ne voulait pas ceux qui la voulaient. Moralité : l’appartement confortable n’a pas besoin de deux fauteuils, ...
    ... et un lit en 120 suffit. Elle reste élégante, pour les besoins de son travail, mais seulement à la surface et suivant un modèle unique. Pantalon vague ou jupe-culotte, veste tailleur ou redingote, chemisier col fermé, en soie, oui, mais fermé. Elle a abandonné les dessous en flocons de dentelles pour adopter le collant slipé et un stock de culottes Mark et Spencer outre des soutiens-gorge complets. Ce matin, cependant, elle se regarde dans la glace, nue, elle vient de découvrir l’affaissement de ses seins, léger, sans doute, mais, là, à l’aisselle, l’attache fait un petit pli serré alors que, le mois dernier, c’était tout rond. C’est pareil à droite, et elle s’examine, tiens, là, sur le ventre, une petite rainure subombilicale. Elle n’a pas la sottise de découvrir aujourd’hui qu’elle s’achemine vers la quarantaine, mais elle est prise d’une forme de peur qui est celle des solitaires. Pourtant, elle n’a jamais eu envie de lier sa vie à une autre personne parce qu’elle n’imagine pas les ronflements, les odeurs, les habitudes divergentes, toutes choses qui prennent de l’importance quand on commence à vieillir alors qu’elles sont le charme des années tempétueuses. À quoi vont bientôt servir les heures de gymnastique, les marches interminables, les longueurs de piscine, si c’est pour m’affaisser comme une baudruche ? Ces petits signes lui donnent l’impression qu’elle chiffonne sa vie, que les premiers froissements de sa peau sont aussi ceux de sa solitude grandissante… Et elle se ...
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