Le club des nymphes - tome II (14)
Datte: 12/11/2020,
Catégories:
Hétéro
... ses amies sirènes en me tournant le dos. Lula me jette des coups d’œil et se marre. Noémie lui fait les gros yeux pour lui faire comprendre de se taire. Quelle journée de merde, décidément ! C’est donc seule et déprimée que je m’installe à table. Dans un réfectoire bondé de monde, quelle humiliation de se retrouver seule à une table ! En entrant dans le club des nymphes, j’avais aussi espéré trouver une communauté sur qui et pour qui je pourrais enfin compter ; je vois que je me suis encore bien couverte d’illusions. J’ai tellement les boules que pendant plusieurs minutes je touche à peine à mon repas. Une voix me fait sortir de mes sombres songes : — Puis-je m’asseoir ici ? En relevant la tête, j’ai la surprise d’apercevoir Idriss. J’acquiesce en rougissant. Il me sourit et s’assied. — C’était très intéressant, ton exposé. J’ai apprécié que tu parles aussi de Prokofiev. — Merci… Tu aimes Prokofiev ? — Oui, énormément. Surtout son Roméo et Juliette. Je trouve qu’il rend un bel hommage à la pièce de Shakespeare. Tchaïkovski est aussi très bien. J’ignorais que Disney n’était pas à l’origine des musiques de La Belle au bois dormant. Ouah, je suis en train de tenir ma première réelle conversation avec le garçon qui me plaît ; en plus nous parlons musique classique, et c’est lui qui est venu à moi ! Il me parle des compositeurs qu’il aime et m’apprend même l’existence de certains que je ne connaissais pas. Moi qui me pensais calée sur le sujet, j’ai trouvé meilleur que moi. Un ...
... détail attire soudain mon attention : dans son assiette, la viande qu’il a choisie, c’est une côte de porc. Je croyais que… — Un problème ? me demande-t-il en s’apercevant de mon étonnement. — Non, rien. Je suis juste surprise que tu ais pris du porc ; je pensais que les musulmans n’en mangeaient pas. jnjrryk — C’est exact, mais je ne suis pas musulman. — Oh, désolée ; j’avais pensé que… — Que j’étais musulman, étant donné ma couleur de peau ? Eh bien non : un Magrébin n’est pas forcément musulman. Mais ne t’inquiète pas : tu n’es pas la première à faire cet amalgame, j’ai l’habitude. — Mais du coup, tu crois quand même en Dieu ou non ? — Je pense surtout que les gens se sont créés un dieu pour se rassurer sur tout ce qu’ils ne contrôlent pas et donner un sens à leur existence et au chaos qui régit leur vie. Et toi, qu’en penses-tu ? — Je suis assez d’accord avec toi, souris-je, heureuse d’être sur la même longueur d’onde que lui sur ce sujet. Notre conversation continue et il me parle un peu de l’histoire de sa famille. Son grand-père est venu s’installer en France pour y trouver du boulot et y a fondé une famille. Son père, lui, a préféré retrouver ses racines et s’est établi au Maroc où il a rencontré sa mère. Idriss, lui, a grandi au Maroc mais a souvent voyagé en France pour rendre visite à sa famille. Aujourd’hui, pour les études, il y loge mais compte bien y rester après. — Alors, maintenant tu fricotes avec de la libertine bas de gamme, Idriss ? nous surprend une ...