La première gorgée de foutre
Datte: 23/12/2020,
Catégories:
fh,
revede,
Oral
méthode,
La recette est rare et bien gardée… Vade-mecum de la consommation d’un breuvage spécial, spécifique et spécifié… Les bonnes choses se dégustent, il faut être gourmet avant d’être gourmand et probablement elles sont universelles. Une bière. C’est d’elle que l’idée m’est venue. Elle était là, fraîche, sur la table et je ne sais pas pourquoi mais je me disais – comprend-on comment ça vient à l’esprit ces choses-là ? – que les grands textes peuvent naître de petits moments anodins, on les expérimente tous, ce ne sont pas des moments rares, je me disais voilà, je conçois comment ils lui sautent au corps, ses textes, à Philippe Delerm… Alors ce qu’il faut c’est… Avaler. Le houblon goûteux, assez frais. Sentir l’amertume de cette première fois, la sensation particulière. Éviter la tiédeur qui sied mal à cette boisson populaire. Ce n’est pas identique à la madeleine de Proust. Ça n’a rien à voir avec l’enfance, le souvenir enfoui qui revient, caresse ; une morsure dans un biscuit. C’est un truc d’adulte. Je suis sûre que c’est en sirotant sa chope mais pas en la sifflant que Philippe Delerm a écrit ce texte, court, incisif, précis, savoureux et il s’est offert la notoriété. Ça s’appelleLa première gorgée de bière. Il raconte quand ça passe dans la gorge, âpre, pétillant aussi, pas raffiné – c’est pas du champagne – quand ça flirte avec le palais, que ça suce la langue. Enfin, il ne le dit pas tout à fait de cette façon. Ça doit être un peu comme la première bouffée d’une pipe mais ...
... je n’en sais rien, je ne fume pas. En revanche, je suce. Une pipe. Y a manière et manière. La pipe ne s’expédie pas, elle n’est pas seulement prémices. Une bonne pipe, c’est tout un art. D’abord aspirer. Pomper la hampe encore endormie, moelleuse et boudinée, lui présenter le profond de la gorge, la stimuler – des lampées énergiques et généreuses, une minette qui nettoie son rejeton – sentir qu’elle se fait trique dans une bouche qu’on redoute étriquée pour cette bête fière. Remarquer les bourses tendues, riches, pleines, les peser – ne pas emballer même si c’est pesé – c’est le moment où j’ai le cœur qui bat dans les tempes. C’est le moment où tout s’affole, le pouls, le rythme de la succion et la salive afflue, les tétons sont érigés. Sous l’étoffe petite, encore cachée, ma chatte libère son jus de fruit, du sucre, du miel mille fleurs, si tu as glissé un doigt dans mon con frénétique, si tu as capturé la liqueur, un zeste de barbe-à-papa sur un bâton, si tu l’as porté à tes lèvres, amuse-gueule et mise en bouche, tu sais que ça ressemble au nectar qui suinte de la pomme-au-four encore chaude. Y a-t-il meilleur dessert ? À l’évidence oui. Maîtriser ta bite amarrée aux parois de mes joues, la rendre dingue, apprécier sa dureté, reconnaître sa joie. Qu’elle n’explose pas. Pas tout de suite. Que sa joie demeure. Autant que possible. Aspirer. Les testicules bien ronds, des abricots de saison, pas des primeurs, ils n’ont pas de goût, ne pas perdre de vue la veine qui saille et ...