1. Nicole, prête à tout (1)


    Datte: 22/10/2017, Catégories: Transexuels

    Et voilà ! Ça devait bien arriver un jour. Mais je ne pensais pas que cela viendrait si vite. Premier avril. Et ce n’était pas un poisson. Cela dit, je l’avais bien cherché aussi. Me voilà donc à la rue. L’huissier, accompagné de deux policiers pas vraiment aimables, venait de me raccompagner sur le trottoir devant l’HLM que j’occupais depuis deux ans et dont je ne payais plus le loyer depuis longtemps. Je m’étais déjà fait virer de chez mes parents qui en avaient eu marre de me voir glander sur le canapé à rien faire de mes journée si ce n’est à regarder la télé, jouer à la Playstation et mettre les pieds sous la table pour manger. La nième diffusion de Tanguy les avait décidés à franchir le pas pour me jeter dehors en s’assurant que je ne me retournerai pas juridiquement contre eux. Les minimas sociaux m’avaient permis de trouver ce minuscule studio mais ma fainéantise chronique m’avait poussé encore une fois à la rue. J’étais fiché un peu partout : Pole Emploi, la Banque de France, la police même, suite à vol à l’étalage de rien du tout, fait pour rigoler avec un pote. Il n’y avait que la paix qui ne voulait pas de moi. J’avais beau hurler « fichez-moi la paix ! », rien à faire. J’errai dans les rues de Bordeaux, faisant connaissance avec mes camarades aussi crasseux qu’imbibés, me renseignant sur les centres d’accueil. Cette fois la réalité de la vie sans confort me sautait à la figure. Un vrai match de boxe pendant lequel je jouais les poings liés dans le dos. J’en ...
    ... prenais plein la gueule. Je me mis à pleurer, maudissant mon caractère de merde, mes crises de rébellion envers mes parents qui finalement ne voulaient que mon bien, mon poil –mes poils– dans la main. Mais à mon âge, sans diplôme, sans la moindre compétence professionnelle, à quoi pouvais-je prétendre ? J’avais bien tenté de m’inscrire dans des boites d’intérim. Mais même le travail le moins qualifié me soulait et je quittais mon poste sans terminer la semaine. Je fus vite blacklisté de ces officines. Petit à petit, je trouvais mes marques. Je faisais la manche dans le tram. Même si j’étais un glandeur, je tachais d’avoir bonne allure et d’être propre sur moi. Ainsi, j’arrivais à vivoter tant bien que mal. Les beaux jours arrivaient et c’était cool. L’été approchait et je décidai d’aller vers Arcachon pour profiter de l’afflux des touristes. Le voyage me demanda quelques jours, posant mon sac sur les bancs publics pour la nuit avant de repartir sous un soleil de plomb. Les premières semaines se passèrent particulièrement bien. Les touristes se montraient assez généreux. Mais contrairement à mes confrères, j’acceptais les dons en nature mais refusais l’alcool. Je n’avais que vingt-cinq ans et je n’envisageai pas de prendre dix ans tous les ans et ressembler à une éponge moisie au tiers de ma misérable vie. Septembre. Les touristes désertèrent les plages. Il ne restait que des couples sans enfants ou des retraités. Pas la meilleure clientèle. Je restais encore jusqu’à la fin du mois ...
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