Natasha & Franck (31)
Datte: 03/05/2021,
Catégories:
Transexuels
... des pays les plus riches, voyait fleurir les belles propriétés, notamment en bord de mer. Sigrid conduisait ; Kristina, installée à côté d’elle, avait posé sa main gauche sur le haut du siège de sa chérie dans un geste inconsciemment protecteur. L’avant-bras était irrité, la peau un peu rougie. Sans même s’en rendre compte, elle se gratta énergiquement, probable réaction au stress. Valérie, installée à ma droite, regardait par la vitre, comme pour éviter de se concentrer sur l’intérieur de la voiture. Malgré tout, il lui arrivait de jeter un coup d’œil rapide sans tourner totalement la tête vers moi. ─ Qu’y a-t-il que tu n’oses dire ? Quelque chose te tracasse, je le vois bien… ─ Non, rien, éluda-t-elle. ─ Mmm, acquiesçai-je, pas convaincu. Tu es restée en partie un mystère pour moi, mais quand tu fais cette tête-là, je sais pertinemment que ça ne va pas. Tu te mens, sans même essayer de faire croire que j’ai tort. Elle hésita un instant, regarda le plus loin possible, comme si elle eût voulu s’y téléporter. Puis elle tourna son visage dans ma direction, avec un soupçon de sourire sur ses lèvres et quelque chose de désabusé dans le regard. ─ Ça me fait bizarre de me retrouver assise à côté de toi dans une voiture. Quelques jours avant notre séparation, nous étions ainsi réunis dans ta bagnole. Cela annoncerait-il une nouvelle séparation dans quelques jours ? ─ Je n’en sais rien… ─ Ta réponse favorite, répondit-elle avec un sourire en coin. Tu es désarmant de sincérité. Tu ...
... ne sais pas et tu ne cherches pas à le masquer un tant soit peu par une note d’espoir, même minime. ─ Préfèrerais-tu que je te mente ? ─ Parfois, oui. Valérie appuya le front contre la vitre et le silence régna en maître dans la voiture. Kristina se gratta à nouveau l’avant-bras : la tension était on ne peut plus palpable. ─ Est-ce encore loin ? demandai-je pour déchirer ce manque de bruit que seul le moteur cherchait à combler. Les dix minutes restantes passeraient certainement plus vite en essayant de me détendre. Basculant la tête en arrière, je collai mon dos contre le siège et fermai les yeux. Je fis le vide dans ma tête ; le silence des passagers et le ronronnement du moteur me facilitaient la tâche. Je reconnus ce picotement autour des yeux, annonciateur de ce phénomène toujours inexpliqué mais maintenant presque familier. Je m’apprêtai à capter le regard d’une autre personne. ─ Elle est encore vivante ! criai-je. ─ Pardon ? Bien que chacun ait pu avoir diverses appréhensions quant au sort de Natasha, nous étions tous soulagés de cette nouvelle. Dans un effort intense de concentration, pour la première fois, je décrivis instantanément ce que je voyais au travers de mon regard clandestin. Un homme en blanc. Cet homme était incroyable : même chez lui il portait sa panoplie de travail. Je ne l’avais jamais vu, mais avec sa blouse blanche, qui pouvait-il être d’autre ? Valérie referma une main autour de mon poignet droit. Nos esprits entrèrent en contact et elle put ainsi ...