1. JN0203 Une route longue et sinueuse.


    Datte: 22/07/2021, Catégories: Entre-nous, Les hommes,

    ... Jérémie ! » je lui avais lancé, le cœur qui battait à tout rompre. Le bogoss ne s’était même pas retourné, se limitant à me lancer un geste de la main qui semblait signifier : « c’est rien, laisse tomber », juste avant de disparaître au tournant du couloir. Le dernier souvenir de ce voyage est celui du trajet retour, de nuit, le souvenir de Jérém endormi, avec la tête posée sur mes cuisses ! Et c’est à la fois un moment de pur bonheur et d’immense angoisse. Tout s’emmêle dans ma tête, j’ai peur de mes sentiments. Malgré cela, j’ai hâte de retrouver Jérémie en cours… ** Je suis tellement happé par mes souvenirs que je finis par me tromper de route : sans vraiment savoir comment, je me retrouve dans un bled du nom de Ponlat Taillebourg. Au village, je dois m’arrêter à un passage piéton : une femme blonde, tenant d’une main un gosse de 4-5 ans, blond et aux grand yeux clairs, et de l’autre main la laisse d’un gros labrador chocolat tout mouillé, est en train de traverser la route. Je profite de l’arrêt pour ouvrir la vitre et prendre un peu l’air, tout en suivant le petit sketch qui se joue devant mes yeux. La scène est assez hilarante car, tout autant le gosse que le labrador semblent se démener pour tenter d’échapper au contrôle de la femme, pour sauter de flaque en flaque ; le gosse pousse des cris aigus pour exciter le labrador, ce qui a l’air de bien marcher. « Jordan, arrête d’embêter Attila… et toi, Attila, avance ! » je l’entends la femme tenter de maîtriser à la fois ...
    ... l’enfant et l’animal, l’air à la fois débordée et amusée par cette petite mutinerie. Je quitte le petit village et je mets le cap sur Montréjeau. Campan approche à grand pas, j’ai l’impression que mon cœur a des ratés. Désormais, la montagne s’annonce aussi par le changement des cultures : le maïs de la plaine de Garonne laisse la place aux prairies posées sur des pente de plus en plus prononcées ; par endroits, des vaches ou des brebis paissent sans même calculer la pluie qui ne cesse de tomber. Plus j’approche de ma destination, plus je me sens agité, fiévreux, tendu : heureusement, les souvenirs occupent mon esprit. Je repense à ce fameux soir à l’Esméralda où, une fois encore, Jérém était venu à mon secours, alors qu’un type bourré dans les chiottes exigeait une pipe, sans quoi il allait certainement me frapper. Jérém avait débarqué et avait joué de ses gros bras pour faire dégager le type. Putain, qu’est-ce qu’il était furieusement sexy ! Cette nuit-là avait été la nuit des « premières fois » : la première fois que j’avais ressenti sa jalousie, la première fois que j’avais eu l’impression qu’il m’avait fait l’amour ; mais aussi la première fois qu’il m’avait demandé de rester dormir chez lui, la première fois que j’avais pu le prendre dans mes bras, la première fois que je m’étais retrouvé dans les siens, bien au chaud ; la première fois que j’avais ressenti cette sensation qui m’avait submergé de bonheur, la sensation que rien ne puisse m’arriver, une sensation de bonheur ...
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