1. JN0203 Une route longue et sinueuse.


    Datte: 22/07/2021, Catégories: Entre-nous, Les hommes,

    ... rester seul, pour essayer d’arrêter de ressasser ce qui s’était passé entre nous… j’étais tellement malade quand tu m’as quitté… je pensais que tu étais passé à autre chose, je croyais que je ne te reverrais jamais… et pourtant, quand je t’ai croisé sur les allées, je n’avais qu’une envie… ». Je suis à nouveau submergé par l’émotion, mes mots se coincent dans ma gorge. « Quelle envie ? ». « Celle de laisser tomber Martin et de repartir avec toi… mais t’as été tellement relou, tellement mauvais… ». « J’ai été nul… ». Ses excuses tardives, ce sentiment de gâchis, de nous être ratés tant de fois, sa façon de baisser les bras face aux obstacles que la vie est en train de mettre entre nous : je suis dégoûté, j’ai envie de pleurer et de m’enfuir ; je ne sais plus quoi lui retorquer, je me sens désemparé, aucun mot me vient à l’esprit : j’ai juste envie de repartir et de m’enfermer dans ma chambre pour pleurer. Je regarde Jérém et j’ai impression qu’il est dégoûté tout autant que moi : il respire bruyamment, il ne tient pas en place, il semble trépigner, on dirait qu’il tape du sabot comme un petit taureau dans l’arène, mais un petit taureau plutôt nerveux qu’énervé ; comme s’il avait des trucs à me dire et qu’il se faisait violence pour ne pas les lâcher. J’ai terriblement envie de l’embrasser : alors, sans plus réfléchir, j’avance vers lui et je l’embrasse. Et à l’instant même où je retrouve la chaleur et la douceur de ses lèvres, une décharge électrique parcourt ma colonne ...
    ... vertébrale, j’ai l’impression de changer de dimension, d’être soudainement projeté dans un monde de bonheur absolu où nous serions plus que tous les deux, où tout serait simple et beau. Hélas, la décharge de bonheur est de courte durée : elle est stoppée net par l’attitude de Jérém, qui fait un pas en arrière pour se dérober à mes lèvres. Je sens ma colère monter, colère fille de frustration face à cette barrière invisible infranchissable qui nous sépare. « On n’y arrivera vraiment jamais, alors… ». « Je ne peux pas Nico, je ne peux pas… ». « Tu m’énerves Jérém » je finis par lui balancer « … je ne sais même pas pourquoi je suis là… je n’aurais pas dû venir… ». « Ne dis pas ça… ». « Tu ne veux pas d’une relation, mais je crois surtout que tu n’es pas prêt à assumer qui tu es et ce dont tu as envie… alors, ça rime à quoi tout ça ? Pourquoi tu m’as fait venir, pourquoi ??? Tu ne m’as pas fait assez de mal ?!?! ». Nouveau silence de sa part. J’ai envie de lui dire tant de choses et pourtant tous les mots du monde me semblent impuissants à le toucher, à le convaincre à vaincre ses peurs, à lui donner confiance en « nous ». « Ça veut dire quoi MonNico ? » je lui balance de but en blanc, sans réfléchir. « De quoi ? ». « La fois où je t’ai appelé, quelques jours avant ton accident, j’ai entendu cette nana te demander : « C’est qui MonNico ? » ; alors, je te demande ce que ça veut dire MonNico… si toutefois ça veut dire quelque chose… ». Jérém ne répond pas, il continue de fumer sa ...