1. JN0203 Une route longue et sinueuse.


    Datte: 22/07/2021, Catégories: Entre-nous, Les hommes,

    ... bon gars, Nico… ». « Toi aussi tu es en bon gars… ». « Non, moi je suis une bombasse… ». « Aussi… » j’admets sans difficulté. Julien me prend dans ses bras, il me serre contre lui. Lorsqu’il relâche son accolade, je le sens touché ; moi aussi je suis touché. « J’y vais, alors… ». « Attends une seconde… ». Le boblond plonge dans la voiture, il trifouille dans le vide poches ; un instant plus tard, il en ressort avec une petite bouteille de parfum à la main, il s’approche de moi et il m’asperge plusieurs fois dans le cou. « C’est quoi ça ? » je feins de m’étonner, en reconnaissant illico la fragrance de bogoss qui a failli m’étourdir à chaque fois dans le petit espace de l’habitacle pendant les cours de conduite. Ah, putain, qu’est-ce que ça sent bon son parfum ! « C’est ton assurance-baise…» il me balance, tout en approchant le nez de mon cou ; avant de continuer, railleur : « hummmmm… tu sens bon… comment il va te démonter le gars ! ». « Mais la ferme ! ». « Tu m’en donneras des nouvelles ! ». « Tu m’énerves… ». « Allez, file, Nico ! » il lâche, en m’adressant un petit clin d’œil en guise d’encouragement. Lorsque je « décolle », il est 15h45 ; je viens de quitter ma rue pour affronter un voyage somme toute assez long, sous un pluie battante, vers une destination que je ne connais pas ; je viens de quitter Julien et sa présence rassurante : je n’ai pas encore quitté la ville que je suis à nouveau assailli par l’angoisse, le doute, la peur ; je ressens à la fois l’envie ...
    ... d’appuyer sur un bouton pour arriver à destination dans la seconde et la peur au ventre d’y être trop vite. Comme tous les vendredi en fin d’après-midi, il y a de la circulation en ville, et également sur le périphérique ; la pluie ralentit encore le mouvement : résultat de courses, je ne serai jamais à Campan à 18h00 ; si tout va bien, j’aurai au moins une demi-heure de retard. Je profite de l’arrêt à un feu rouge pour tenter d’appeler Jérém une nouvelle fois, mais je tombe à nouveau sur son répondeur ; rien que le fait d’entendre sa voix enregistrée me fait frissonner. Qu’est-ce que ça va être de me retrouver devant lui ! Je retente au feu suivant, et au suivant encore, puis lorsque je suis dans la file d’attente au péage de Muret : et je retombe toujours et encore sur son répondeur. A hauteur de Cazères, après une dizaine de tentatives, je me dis que je ne vais jamais pouvoir le joindre : je me dis également que, s’il le faut, j’arriverai trop tard, lorsqu’il sera déjà parti, et que je vais faire toute cette route sous la pluie pour rien. Mais désormais je suis parti, et je ne peux plus faire marche arrière. Je prends sur moi et je continue à rouler ; je viens de passer le péage et je repense au coup de fil de Jérém de la veille, au frisson inouï qui m’a foudroyé lorsque j’ai vu son numéro s’afficher sur mon portable. Jamais je n’aurais imaginé qu’il fasse ce pas ; jamais je n’aurais imaginé entendre à nouveau sa voix, cette vibration sensuelle et virile. Et encore moins, ...
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